Les sarcophages du Camposanto de Pise 

• Italie    • Toscane    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité ce musée lapidaire. Les images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à ce monument est très documentée, en particulier sur l'emplacement et la description des sarcophages. Nous en conseillons la lecture. Voici quelques extraits de cette page :

« Histoire

Le Campo Santo contient une collection de 84 sarcophages romains , ainsi qu'une collection d'urnes romaines et étrusques, maintenant dans le musée de la sacristie.

La coutume de réutiliser d'anciens sarcophages pour d'éminentes personnalités politiques et militaires de la ville est attestée depuis le XIe siècle. À partir du XIVe siècle, ces sépultures, après avoir été placées sur la place et le long de la cathédrale, souvent directement attachées au bâtiment lui-même, sont conservées à l'intérieur du Camposanto. Lorsque le cimetière est construit, ils sont rassemblés au milieu de la pelouse. Cela a permis la conservation de ces œuvres importantes jusqu'à nos jours.

Entre 28 et 31 sarcophages romains ont été réutilisés. Cette réutilisation a également une valeur symbolique : elle veut être la preuve du rôle de Pise en tant que puissance maritime et en tant qu'héritière de la Rome antique.
[...] »


Pourquoi nous avons rédigé cette page ?

Il faut savoir qu'aux tous débuts de la création de notre site, il y a à présent plus de neuf ans, nous avions décidé de n'étudier que la période comprise entre les années 400 et 1000 et les monuments chrétiens susceptibles d'avoir appartenu à cette période. Étaient donc exclus de cette étude les artefacts (monuments, objets divers, écrits historiques) des civilisations romaine ou islamique, les écrits des Pères de l’Église, les monuments romans (après 1050) et gothiques, l'iconographie. Ce choix initial nous était dicté par les constats que nous avions faits au sujet des monuments désignés jusqu'alors comme étant romans, tous ou presque estimés par les historiens de l'art, postérieurs à l’an mille. Nous les estimions nettement plus anciens. Notre étude n'a fait que conforter cette position. Mais petit à petit, nous avons été obligés d'élargir notre champ d'étude. Et d'introduire de nouveaux champs d'étude. Ainsi, ayant réalisé que la civilisation romaine ne s'était pas brusquement arrêtée en l'an 400, nous avons été obligés de l'analyser avant cette date afin de mieux comprendre son évolution et l'influence qu'elle a eu après.

L'examen de l'iconographie que nous avions un peu négligée jusqu'alors nous est apparu fondamental pour certaines situations. Et l'étude des images trouvées sur les sarcophages fait pour nous partie de ces situations fondamentales. Il faut en effet comprendre que la construction et le décor de ces sarcophages ont un coût élevé. On ne fait pas n'importe quoi. On donne un sens à ce que l'on sculpte sur les parois d'un sarcophage. Bien sûr, on peut envisager de représenter des portraits des défunts ou des épisodes de leur vie. Cette simple opération suffit à donner de l'importance à la vie de ces défunts. Mais il y a souvent plus, ou différemment. Comme on le verra dans les commentaires suivants, les défunts sont associés à des thèmes ou animaux mythiques (mythe d'Orphée, Satyres et Ménades, Dionysos, griffons, centaures, …).

Un des inconvénients du mythe, c'est qu'on ne lui attache pas une grande importance. Hormis dans l'interprétation qu’on veut lui donner (il en est ainsi des complexes d’Œdipe ou d'Icare). Mais on ne se pose pas la question de savoir qui les a créés et comment ils ont été créés. C'est pour nous quelque chose de bizarre, apparemment sans signification et venu de nulle part. Or nous pensons qu'ils doivent avoir une signification. Cette signification est liée à des croyances sur la vie, l'amour, la mort. La difficulté vient du fait que ces croyances philosophiques, religieuses ou superstitieuses ont été celles de divers peuples de l'Antiquité, les plus connus de Toscane étant les étrusques, les romains et les grecs. Les nouveaux conquérants romains (mais peut-être avant eux les grecs ou les étrusques) ont essayé d'unifier les populations en intégrant des dieux des peuples conquis dans le Panthéon romain. Nous pensons que ce syncrétisme a conduit à un mélange des traditions religieuses et sans doute à des situations rocambolesques. Ces situations rocambolesques, les gens de l'époque étaient capables de les comprendre et de les interpréter. À titre de comparaison, comment interpréterions-nous les symboles associés au tétramorphe si nous n'avions pas les références bibliques qui leur sont associés ?

Si nous avons collecté un grand nombre d'images de sarcophages, c'est pour pouvoir faire des comparaisons, essayer de comprendre les raisons qui ont poussé à faire telle ou telle représentation.


En ce qui concerne le sarcophage de Lucius Sabinus, nous n'avons pas d'information sur le thème représenté, probablement un mythe. On y voit des centaures (image 7) et un homme brandissant une dépouille de lion. Il s'agit sans doute de Hercule (image 8).

Pas d'information non plus sur le sarcophage de Caius Bellicus Natalis (images 10, 11 et 12).

Pour les sarcophages des images de 13 à 21, les faces latérales sont ornées de griffons. Remarquer que ceux-ci présentent une grande poche sous le jabot. Les faces avant de la cuve sont décorées de Victoires ailées portant l'effigie du défunt.


Le mythe de Séléné et Endymion est représenté sur la face centrale du sarcophage 37 (image 22).

Ce sont des jeux de bambins qui ornent le sarcophage de l'image 25. Mais s'agit-il bien de jeux ? On voit un enfant plongeant la tête d'un autre dans un bassin. Cela fait penser au rituel du baptême.

Et de nouveau des Victoires ailées encadrant une tablette à inscriptions (image 28).

À remarquer que chacun des sarcophages correspondants est encadré de griffons (images 23, 24, 26, 27, 29, 30).


On retrouve des griffons sur les sarcophages des images 35 et 36. Cependant, en ce qui concerne le sarcophage de l'image 31, il y a deux griffons sur la face gauche (image 32) et un cheval ailé sur la face droite (image 33).


Le mythe de Méléagre avec la chasse au sanglier de Calidon est représenté sur les sarcophages des images 37, 40 et 43. Nous avouons notre ignorance concernant ce mythe. Par contre, nous constatons que les faces latérales ne sont plus décorées par des griffons, mais par des scènes de chasse (images 38, 39, 41, 42, 44 et 45).


Les faces avant des sarcophages des images 46 et 48 sont ornés de strigiles. Ce décor de strigiles serait censé imiter l'eau, symbole d'immortalité. À remarquer, à nouveau un griffon (image 47). Les sarcophages des images 49 à 52 portent un décor d'arcades peut-être censé symboliser le ciel. Les images 49, 50, et 51 représentent les neufs Muses. Il est possible que le destinataire de ce sarcophage ait été un homme cultivé amoureux des arts.

Remarquer que le sarcophage de l'image 52 n'est pas encadré par des griffons, mais par des lions (images 53 et 54).


Des scènes mythologiques sont représentées sur les images suivantes de 55 à 66. Nous avouons notre difficulté à les interpréter.

Sur l'image 66, on peut voir un zodiaque.


Les images 67, 68 et 69 pourraient faire partie de celles qui ne sont pas en relation avec une mythologie ou à une religion. Elles raconteraient un épisode de la vie d'un général ayant combattu les barbares.

Nous ne croyons pas que la scène de l'image 70 (une course de chars menés par des bambins ailés) soit anodine. L’Éros serait le symbole de la vie. Nous pensons que pour les romains (au moins pour certains d'entre eux), la vie ne commençait pas à la sortie du ventre de la mère mais environ deux ou trois ans après, quand il était capable de conduire un petit attelage. La course de char serait symbolique de vie.

Pour beaucoup de personnes, le symbole du Bon Pasteur (images 73, 74, 75) serait un symbole chrétien. Sans nier qu'il ait pu être utilisé par les chrétiens, il a été objet de symbole dans d'autres religions, comme celle de l'Hermès Trismégiste.

Nous ignorons qui était Santa Bona et si elle a réellement existé (image 76). Il est possible que le portrait d'une femme auréolée sur un sarcophage romain ait convaincu des croyants qu'ils étaient en présence d(un sarcophage ayant reçu le corps d'une sainte.

Le sarcophage de l'image 78 est le seul qui n'est peut-être pas romain. On distingue en effet à l'intérieur des arcades des traces d'écus caractéristiques du XIIIe siècle.