La piève Saint-Jean-l'Évangéliste et Ermolao à Calci
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images de cette page ont été recueillies sur Internet.
Dans le livre « Toscane
romane » de la collection Zodiaque,
I. Moretti et R. Stopani la décrivent ainsi (extraits) :
« La
piève de San Ermolao de Calci, au pied du versant
Sud-Ouest du Mont Pisano, fut sous le patronage des
archevêques de Pise comme il est attesté devant le
jurisconsulte Burgondio en 1172. Nous savons en outre
qu'elle fut érigée en ce même siècle dans une corte
(“cour”)
appartenant à la mense archiépiscopale. Pour Salmi, elle
devait “déjà compter trois nefs” lorsqu'en 1111, y fut
placé le corps de San'Ermolano. Dans la seconde moitié du
XIIe siècle, lorsque la piève fut dotée de
fonts baptismaux, elle fut agrandie de trois arcades dans
la partie inférieure de la façade.
La
piève de Calci se présente comme un trans-édifice de
schéma basilical à trois nefs (la nef centrale est plus
haute) séparées par des arcades aux colonnes en partie
antiques, mais dans l'ensemble, l'intérieur se trouve très
remanié. Les chapiteaux des colonnes, dans leur diversité,
se rattachent pour la technique et la composition “à ces
chapiteaux byzantins utilisés dans les monuments pisans
eux-mêmes” (Salmi). La partie la plus remarquable de la
piève est certainement la façade, de nette inspiration
pisane, s'étageant sur deux rangées superposées d'arcades
aveugles. [...] »
Dans la suite du texte, l'auteur parle principalement de la
façade occidentale (image
2) et du campanile (image
4). La façade occidentale d'une grande beauté est
intéressante mais hors de notre domaine d'étude. Nous
l'estimons de la fin du XIIe siècle, voire du
début du XIIIe siècle.
L'auteur du texte ci-dessus ne signale pas l'existence
d'écrits antérieurs au XIIe siècle mentionnant
l'existence de cette église. Il est d'ailleurs possible que,
si écrits il y a eu, ils aient tous disparu, ou que cette
église ait été construite au XIIe siècle.
Cette dernière hypothèse est cependant douteuse car à
plusieurs endroits de son texte, l'auteur parle d'éléments
byzantins ou antiques et de parties remaniées.
Il y a surtout le plan de l'édifice, un plan basilical
directement issu de celui des premières basiliques
chrétiennes : nef à trois vaisseaux charpentés, le vaisseau
central étant porté par des colonnes cylindriques monolithes
(images 5 et 6).
Ici le vaisseau central n'est pas voûté mais il semblerait
que ce soit une voûte légère posée au XVIIIe
siècle. On remarque les différences entre chapiteaux, de
style ionique côté Sud, et corinthien côté Nord. À
l'origine, tous les chapiteaux devaient être semblables,
voire entièrement identiques. Nous constatons que tout le
système formé par les colonnes et les chapiteaux a été
profondément remanié. Certaines colonnes ou chapiteaux ont
été utilisés en réemploi. Par contre, les arcs situés au
dessus de ces colonnes semblent tous identiques et bien
construits dans le style romano-pisan. D'où l'idée que la
construction de ces arcs et des pans de murs qui les
surmontent auraient pu avoir fait l'objet d'une deuxième
campagne de travaux. Ce qui signifierait que ces arcs
auraient pu remplacer une structure préexistante. Peut-être
d'autres arcs ? Peut-être des linteaux de bois ?
Il existe un transept qui correspond à une travée de nef (image 1). Nous avons
constaté que dans bien des cas, le transept d'une église
était un ajout tardif. Il était construit sur une ou deux
travées de nef. Dans le cas présent, on remarque sur l'image 3 que le mur
reliant l'abside centrale et le clocher est constitué d'un
appareil fin et régulier dans sa partie inférieure, et
beaucoup plus grossier dans sa partie supérieure. Il était
percé de deux fenêtres à présent obturées. Le fait que ces
deux fenêtres ne soient pas de même hauteur invite à penser
qu'il y a eu là deux campagnes de travaux successives,
identifiables par la fente verticale qui sépare le mur en
deux pans. Le pan de gauche surmonté d'une fenêtre murée
devait appartenir à une absidiole semi-circulaire. Le pan de
droite a été ajouté par la suite, faisant le lien entre
l'abside et le clocher.
Image
8 : Fenêtre murée. Elle est surmontée d'un
linteau échancré. Au centre, au dessus de la partie
échancrée, est disposée en arc de cercle une frise de
pampres de vignes. Le motif de gauche s'apparente à une
fleur de lys. À droite, un bandeau en entrelacs surmonte un
arbre de vie.
Image 9 : Deux
linteaux échancrés. Le décor principal de celui de gauche
est constitué de fleurs et de feuillages. On remarque, à
gauche, un hybride à avant-corps de quadrupède et queue de
serpent. L'animal situé à droite est plus surprenant : c'est
un lion à queue feuillue ! Mais il est disposé la tête
(endommagée) en bas, avec un corps ventru de de minuscules
pattes.
Pour le linteau de droite, on retrouve des entrelacs de
cannage dits «carolingiens », et en bas à gauchen une petite
scène représentant deux oiseaux picorant dans un vase. On
pense bien sûr à la scène des « oiseaux au canthare » dans
laquelle deux oiseaux symétriques picorent dans un vase.
Mais ici, les oiseaux sont de tailles très différentes, un
gros et un petit.
Les fonts baptismaux
(images 10, 11 et 12)
Revenons au texte du livre « Toscane
romane » :
« La
piève de Calci conserve également de grands fonts
baptismaux, avec des colonnes d'angle en vis de pressoir
et des gradins qui descendent vers le fond de la vasque.
Sur la face principale, à l'intérieur d'arcades avec des
colonnettes, à l'imitation des sarcophages antiques,
figurent le Christ, la Vierge Marie, Saint-Jean-Baptiste
et deux anges. L'artiste inconnu, du XIIe
siècle, a été apparenté à Enrico par Salmi, mais
dernièrement est apparue la tendance à attribuer l’œuvre à
Biduino. »
Rappelons une partie du texte vu précédemment à celui-ci : «
Dans
la seconde moitié du XIIe siècle, lorsque la
piève fut dotée de fonts baptismaux, ... ».
Selon ces deux parties de texte, ces fonts baptismaux
dateraient du XIIe siècle. Nous exprimons de très
forts doutes sur cette affirmation. Notons d'abord qu'il
s'agit là d'une piscine baptismale : le catéchumène pénètre
dans la piscine par un escalier. Au-dessus de lui, le
célébrant lui administre le baptême. Il s'agit d'un baptême
par immersion. La piscine est cruciforme. Il est assez
difficile de dater ces piscines, certains auteurs parlant du
IVe-Ve siècle, d'autres, du VIe
siècle, d'autres encore, du VIIe siècle. Mais
aucun, du XIIe siècle (image
11).
Concernant le bas-relief situé devant la cuve (image
10), nous ne sommes pas certains qu'à l'origine il
était devant la cuve mais c'est probable. Il ne s'apparente
pas à des modèles romans qui ne connaissent pas ce type de
bas-relief. Par contre, la ressemblance est nette avec les
sarcophages du Musée Antique d'Arles. Ces sarcophages sont
datés du IVe ou Ve siècle. Et ce n'est
pas tout ! Les représentations sculptées ne sont pas celles
que l'on observe dans une œuvre romane. Ainsi, le Christ
nimbé porte une grande barbe toute différente de celle
représentée plus tard. Quelle est l'utilité de la longue
robe qui lui couvre presque entièrement le corps ? Il est
possible que le Christ soit ici vu sortant du bain
baptismal, vêtu d'une robe blanche (image
12). L'ange situé à gauche (image
13) tient dans ses mains un autre vêtement (celui
que le Christ portait avant le baptême ?)
Datation
envisagée pour la piève Saint-Jean-l'Évangéliste
et Ermolao à Calci : an 700 avec un écart de 150 ans.