La cathédrale Santa Maria Annunziata d'Otrante  

• Italie    • Pouilles    • Article précédent   • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont issues des galeries d'Internet.

Selon la page (obtenue de l'italien par un programme de traduction automatique) du site Internet Wikipédia relative à cette église (extraits) :

« Historique : La cathédrale, construite sur les vestiges d’un village messapien, d'une domus romaine et d'un temple paléochrétien, a été fondée en 1068 par l’évêque normand Guillaume. C’est une synthèse de différents styles architecturaux, y compris des éléments byzantins, paléochrétiens et romans. Elle fut consacrée le 1er août 1088 pendant la papauté d'Urbain II par le légat pontifical, Roffredo, archevêque de Bénévent. [...]

Architecture : Extérieur.  La façade médiévale à double pente (image 1) a fait l’objet de nombreuses modifications au cours des siècles. À la suite de la dévastation infligée pendant l’occupation turque de 1480, la grande rosace à 16 rayons (image 2) a été construite avec de beaux entrelacs gothiques de forme circulaire convergeant au centre, selon les canons de l’art gothico-arabe. [...]

Architecture :  Intérieur. L'intérieur présente un plan absidal à trois nefs, marqué par douze arcs soutenus à leur tour par quatorze colonnes de granit aux chapiteaux différents (images 3, 4, 5, 6). En 1693, l’archevêque Francesco Maria De Aste fit construire l’arc de triomphe et en 1698, il couvrit la nef centrale et le presbytère d’un d'un plafond lacunaire en bois avec dorure sur fond noir et blanc. [...]

Crypte : La crypte, qui serpente à travers la zone sous l’abside, le presbytère et une partie de la salle, remonte au XIe siècle [...] Elle possède trois absides semi-circulaires et se caractérise par quarante-huit compartiments entrecoupés de plus de soixante-dix colonnes, demi-colonnes et piliers. La particularité réside dans la diversité des éléments porteurs, provenant d'édifices antiques et du Haut Moyen Âge, issus des divers répertoires figuratifs. [...]

La mosaïque d'Otrante (images 7 et 8) : D’un grand impact scénique est la grande décoration de sol en mosaïque qui se développe le long des nefs, du presbytère et de l’abside. Elle a été commandée par le premier archevêque latin de la ville, Gionata, et a été exécutée entre 1163 et 1165 par un groupe d’artistes dirigé par Pantaleone, un moine basilien du monastère de San Nicola de Casole [...] Le programme iconographique de la mosaïque se développe à travers des scènes de l'Ancien Testament, des cycles chevaleresques, et des bestiaires médiévaux, du roman d'Alexandre. Les images, disposées le long du développement de l’Arbre de Vie, retracent l’expérience humaine du Péché Originel au Salut. Parmi les images, il y en a aussi une qui appartient à un thème célèbre de l’iconographie sacrée médiévale, celui de l'ascension d'Alexandre le Grand sur un trône tiré dans le ciel par deux griffons (image 10). »


Quelques commentaires sur ce texte :

1. « C’est une synthèse de différents styles architecturaux, y compris des éléments byzantins, paléochrétiens et romans. » : nous ne voyons pas dans les images ci-dessous quels peuvent être les éléments byzantins. Quant aux éléments paléochrétiens, il s'agit sans doute du plan basilical d'une nef à trois vaisseaux charpentés, plan qui a survécu en Italie sur une longue période alors que, plus au Nord, les vaisseaux des nefs étaient voûtés.

2. « selon les canons de l’art gothico-arabe. [...] ». Nous ignorions qu'il y avait un art gothico-arabe, et à plus forte raison que des canons de cet art avaient été définis.

3. Concernant la datation, il serait intéressant de connaître la teneur exacte des textes d'époque permettant à l'auteur d'affirmer : «La cathédrale, [...] a été fondée en 1068 par l’évêque normand Guillaume. [...] Elle fut consacrée le 1er août 1088 ». Nous rappelons qu'une fondation ne correspond pas forcément à une construction et, de même, une consécration ne correspond pas forcément à une inauguration.


Nous n'avons pas d'image de la crypte, mais sa description correspond à ce que nous avons vu à de nombreuses reprises. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, nous pensons que les cryptes qui sont a priori sous les églises ne sont pas antérieures aux églises mais postérieures. En fait, elles ne sont pas « sous » les églises mais « dans » les églises. Ce sont les étages inférieurs d'un unique bâtiment. Il y a deux possibilités : soit elles n'avaient pas été prévues dès le début de la construction et elles ont été édifiées après, comme on construit une mezzanine à l'intérieur d'une salle de grande hauteur. Soit elles ont été prévues au début, mais la séparation entre église supérieure et église inférieure était un simple plancher. Dans ce cas, il y aurait eu ultérieurement remplacement du plancher en bois par un sol maçonné soutenu par des voûtes sommairement soutenues par des matériaux de remploi. Ce serait le cas ici.

En supposant que les informations évoquées dans le texte ci-dessus (début de construction en 1068, fin des travaux en 1088, pose de la mosaïque entre 1163 et 1165) correspondent à la réalité, nous pouvons envisager la situation suivante : la crypte a été voûtée peu avant 1163 en utilisant des colonnes et des chapiteaux de remploi. Le voûtement de cette crypte a permis la pose de la mosaïque. On constate en effet que la mosaïque s'inscrit parfaitement dans la nef (vaisseau central et collatéraux). Cette nef est donc antérieure à la mosaïque, et, très probablement, nettement antérieure car, en 1160, les inventions romanes, voire gothiques, étaient bien connues dans le Sud de l'Italie. Ces inventions (voûtes diverses, chapiteaux historiés, tympans sculptés, ...) sont absents de cette église. Il ne faut cependant pas en déduire que l'église que l'on voit soit l'église telle qu'elle était primitivement. En effet, l'ensemble (images 3, 4, 5, 6) apparaît trop neuf. On remarque cependant, par les différences de couleur des matériaux, que certaines colonnes ont été fortement restaurées ou remplacées.


La description minutieuse de la mosaïque d'Otrante a été faite sur un autre page de Wikipedia. Nous en conseillons la lecture. En voici un extrait : « Cette œuvre, originale et conservée dans presque toutes ses parties, offre un échantillon transversal de la culture du Moyen-Âge et nous présente un voyage à travers un labyrinthe théologique dont, parfois, la véritable interprétation chronologique échappe. »

Il semblerait que durant le Moyen-Âge, les théoriciens aient voulu ordonner leurs connaissances sous la forme d'arbres. Nous-mêmes connaissons ou employons des arbres. Tel, par exemple, l'arbre généalogique. L'arbre de Jessé, connu des gens du Moyen-Âge, décrit la filiation de Jessé, ancêtre du Christ. Mais il y avait d'autres arbres,  tel l'Arbre de Vie, ou l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. Les ramifications de ces arbres peuvent conduire à des personnages, ou à des scènes historiées, ou à des caractéristiques de la conscience humaine (qualités ou défauts). Un auteur de la fin du XIIIe siècle, Matfre Ermengaud, s'est efforcé de décrire dans son ouvrage, le Bréviaire d'Amour, l'ensemble des connaissances de son temps avec, comme plan principal, l'Arbre d'Amour qui possède deux ramifications : l'Arbre de Vie décrivant les valeurs célestes, et l'Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal décrivant les valeurs (ou défauts) terrestres. Cet auteur n'est certainement pas le seul à avoir utilisé des arbres comme instruments de communication. Il est possible qu'une analyse exhaustive permette de mieux comprendre et interpréter les symboles de ces représentations.

Description de diverses images :

Image 10 : Alexandre le Grand emporté au ciel par deux griffons.

Image 11 : La cueillette des fruits de l'arbre (pampres de vigne).

Image 12 : Autre cueillette (miel ?, récolte du gui ?).

Image 13 : Isaac et Abraham.

Image 14 : Le Péché Originel : Ėve et Adam.

Image 15 : Travaux des mois et signes du Zodiaque. À gauche, le mois de Novembre : élagage des arbres, signe du scorpion. À droite, le mois de Décembre : on tue le cochon, signe du sagittaire.

Image 16 : Travaux des mois et signes du Zodiaque. Le mois d'Avril : on sort le bétail, signe du bélier.

Image 17 : Travaux des mois et signes du Zodiaque. Le mois d'Août : on ramasse le raisin et on le foule, signe du lion.

Image 18 : Travaux des mois et signes du Zodiaque. Le mois de Juin : la moisson, signe des gémeaux.


Datation envisagée pour la cathédrale Santa Maria Annunziata d'Otrante : an 950 avec un écart de 150 ans.

Remarque
: nous ne nous conformons pas exactement à l'évaluation avancée dans le texte d'Internet (1066) mais notre marge d'erreur étant importante, cette estimation reste possible.

Quant à l'évaluation de la mosaïque (entre 1063 et 1065) : la précision et le nom du maître d’œuvre amènent à penser que l'information est presque sûre. Le lecteur pourra s'étonner que dans un site consacré au premier millénaire, on décrive une œuvre postérieure d'un siècle et demi à l'an 1000. Mais avant d'essayer de dater par leur seul aspect des œuvres antérieures à l'an mille, il est préférable de connaître exactement la datation d’œuvres de peu postérieures à l'an mille.