L'église San Giovanni al Monteferno de Mergozzo 

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Selon la page du site Internet « Chiese Romaniche e Gotiche del Piemonte » relative à cette église, page écrite en italien et obtenue en français par un programme de traduction en ligne :

« Période dominante : XIIe siècle.

Généralités : édifice roman lombard, de plan en croix latine, datant du XIIesiècle. À côté de l’église ont été découvertes les fondations d’une église précédente à trois nefs. Édifice très bien conservé grâce à son isolement.

Extérieur : en granit avec une abside semi-circulaire ornée d’une loggia ; fenêtres à une seule lancette et arcs suspendus
(arcatures lombardes). [...] La maçonnerie en pierre légère a des blocs bien carrés disposés sur des lits horizontaux, à l’exception de l’abside où elle est plus irrégulière.

Intérieur : il a un plan en forme de T avec une abside terminale, rompant ainsi à la fois avec l'hémicycle et le schéma de la basilique ; le toit est voûté sur des ogives, et à la croisée du transept, on a une coupole octogonale sur pendentifs. [...] La présence abondante de corbeaux soutenant des parties de voûtes, en particulier là où ceux-ci sont fixés à l'un des angles extérieurs de l'édifice, est anormale pour l'architecture romane du nord de l'Italie. [...] »


Nous n'avons pas visité cette église. Les images qui suivent sont extraites d'Internet.

Nous avouons être un peu désorientés par rapport à cet édifice. Le plan en croix latine fait plus penser à un plan en croix grecque semblable à celui de quelques églises orientales comme celles d'Arménie. Nous ne sommes probablement pas les seuls. L'auteur du texte précédent a en effet émis quelques réserves : « à l’exception de
l’abside
», « La présence abondante de corbeaux [...] est anormale pour l'architecture romane [...] ».

En ce qui concerne l'abside, nous remarquons une autre anomalie : sur l'image 2, à la jonction de l'abside et du croisillon Sud, le toit de l'abside empiète sur l'arcature lombarde. Ce qui amène à penser que l'abside (ou sa partie supérieure) a été construite après le croisillon Sud. En ce qui concerne l'abondance des corbeaux, les images recueillies ne nous permettent pas de vérifier et à plus forte raison d'interpréter cette anomalie.


Selon le site Internet Wikipédia, Mergozzo est un petit village lacustre sur le lac de Mergozzo : « Ce lac est situé, à vol d'oiseau, à environ deux kilomètres du lac Majeur. Le lac représentait autrefois l'extrémité du bras ouest du lac Majeur. [...] Pendant près de cinq siècles, les inondations de la rivière Toce ont formé une bande d'alluvions qui a séparé les deux bassins. ». En conséquence, on peut envisager qu'il y a un millier d'années, voire plus, Mergozzo était une localité importante en rapport avec le lac Majeur (port ?).

Nous disposons de plusieurs indices permettant de confirmer cette importance. Le premier est la dédicace à Saint Jean Baptiste. Dans de nombreux cas, les d’églises dédiées à Saint Jean Baptiste sont d'anciens baptistères. Et, dans le cas présent, on a (autre indice) une piscine baptismale de forme octogonale (image 9), probablement prévue pour un baptême par immersion, donc d'une grande ancienneté. Enfin un indice supplémentaire nous est donné par la présence des vestiges d'une autre église, à abside triple (images 11 et 12), et, selon le texte ci-dessus, à nef triple. L'existence de ces deux églises proches l'une de l'autre, la première, probablement un baptistère, la seconde, à plan basilical, fait penser à ce que nous appelons un groupe cathédral, ensemble de plusieurs églises dont une « cathédrale » (là où se trouve la cathédre ou chaise de l'officiant) et un baptistère.

Reste un petit problème : si l'église en ruine était bien la « cathédrale » et l'église Saint Jean Baptiste, le baptistère, cette dernière église ne ressemble pas à un baptistère. Car tous les baptistères que nous connaissons sont à plan centré, circulaire ou polygonal. Mais en regardant bien, on s’aperçoit que la croisée du transept est à plan centré. Nous en déduisons qu'il est possible que l'église Saint Jean Baptiste ait été réduite à la croisée du transept et que, par la suite, il y ait eu adjonction de la nef, des croisillons et de l'abside. Si tel est le cas, il y aurait eu auparavant destruction de la « cathédrale » car le croisillon Sud recouvre les restes de l'absidiole Nord de la
« cathédrale ». Mais, bien sûr, une telle hypothèse reste à prouver en procédant à un examen approfondi de l'architecture de l'église Saint Jean Baptiste.


Datation envisagée pour l'église San Giovanni al Monteferno de Mergozzo : an 900 avec un écart de 200 ans.