La cathédrale Sainte-Eulalie-et-Sainte-Julie d’Elne
Sur l'historique de la cathédrale d'Elne et concernant la
période que nous nous sommes fixée, voici ce que nous
apprend la page de l'encyclopédie en ligne Wikipedia, qui
est consacrée à cet édifice : « Historique :
Les origines :
L'évêché d'Elne est attesté depuis l'an 571 et est donc
une création wisigothique. En effet, succédant aux
Romains, les Wisigoths démembrèrent l’archevêché de
Narbonne pour créer le diocèse d'Elne. À cette époque,
suite aux invasions et aux destructions, la cité d'Elne
restait la seule suffisamment importante pour recevoir le
siège épiscopal du Roussillon.
Après l'intermède
musulman du début du VIIIe siècle, le comté du
Roussillon fut créé lors de la reconquête carolingienne.
Les alliances féodales et la perte progressive de pouvoir
des descendants de Charlemagne, firent agréger le comté du
Roussillon à celui de Barcelone. La Catalogne s'émancipa
du pouvoir impérial à la fin du Xe siècle.
L'histoire successive des cathédrales d'Elne est très peu
connue. Il est fort probable qu'une partie des édifices
religieux se soit trouvée dans la ville basse au cours du
Haut Moyen-Âge. L'hypothèse d'une ancienne cathédrale au
lieu même de l'actuelle manque toujours de preuves
suffisantes.
L'actuel édifice fut
vraisemblablement commencé au début du XIe
siècle. En 1042, une donation d'un particulier est
attestée, puis une autre de la comtesse Ermenssinde de
Barcelone quelques années plus tard (en 1057).
L'époque
romane : En 1069, l'autel majeur fut consacré,
comme l'atteste encore l'inscription de la table d'autel
encore conservée de nos jours dans l'abside principale.
Cependant, le chantier se poursuivit jusqu'à la fin du XII
e siècle (en 1140, l'évêque Udalguer fortifia
l'édifice), voire au XIIIe siècle. En
témoignent les changements de parti dans la construction
de la nef dont la voûte en berceau n'est pas d'un style
homogène.
La tour avec le grand clocher date du XIe
siècle ainsi que le portail de marbre. [...] »
Nos
commentaires sur le texte précédent
Concernant la phrase : « L'évêché
d'Elne est attesté depuis l'an 571 et est donc une
création wisigothique. En effet, succédant aux Romains,
les Wisigoths démembrèrent l’archevêché de Narbonne pour
créer le diocèse d'Elne », nous ne pouvons
être aussi affirmatifs que l'auteur de ce texte. Celui-ci
semble recopier intégralement le discours désormais
classique des historiens : l'empire romain a été détruit par
les invasions barbares. Ceux-ci ont remplacé les romains. Ce
changement se serait fait lorsque Athaulf a conquis (aurait
conquis) la Narbonnaise.vers 415. Toujours selon cette
théorie, le changement aurait été brutal : la domination
romaine sur le Languedoc aurait été remplacée par la
domination wisigothe.
Nous sommes beaucoup plus réservés concernant cette théorie.
Nous pensons que les peuples romains et wisigoths ont
coexisté pendant des siècles. À l'appui de cette thèse, il y
a le témoignage de Procope (mort en 565). Celui_ci dans son
livre « La guerre contre
les Goths » montre que dans la ville de Naples,
avant l’intervention du général byzantin, il existait une
cohabitation pacifique entre les communautés latine et
gothe.
Cela étant, il est fort possible que l'évêché d'Elne ait été
wisigothique.
Concernant la datation de cet édifice, nous ne sommes pas
très surpris : systématiquement toutes les églises dites «
romanes » sont datées (pas forcément par nous !) du
XIeou du XIIesiècle. Même quand
elles sont citées avant l'an mille ! De même, nous avons eu
l'occasion de dire à plusieurs reprises qu'une date de
consécration ne correspondait pas forcément à une date
d’achèvement de travaux. Dans le cas présent, l'autel majeur
de « l'actuel édifice,
vraisemblablement commencé au début du
XIesiècle », est consacré en 1069.
Il est douteux que les promoteurs d'une construction
commencée dès l'an mille aient attendu 69 ans avant de
l'inaugurer.
Datation
envisagée
Notre propre essai de datation ne repose pas sur des écrits
d'époque difficilement interprétables (d'ailleurs ces écrits
existent-ils encore et où peut-on les trouver ?), mais sur
des données architecturales.
Observons tout d'abord le plan de l'image
6 et dans ce plan, les bases des piliers de la
nef. On constate que ces bases sont semblables pour les deux
paires de piliers à partir du chœur. Les bases sont
différentes pour la troisième paire et encore différentes
pour les deux dernières paires. Ces différences nous
conduisent à l'idée de plusieurs étapes de travaux.
Ces différences de méthodes de construction se vérifient sur
les images 8 et 11 (colonnes
demi-cylindriques adossées et chapiteaux pour les deux
premières rangées de piliers, pilastres à plan rectangulaire
et impostes pour les rangées suivantes).
Sur l'image 11, on peut voir sur
chacune des deux travées des arcs triples. Sur celle de
gauche, l'arc supérieur est décentré et au-dessus des deux
autres. Ce qui laisse penser que cet arc a été construit
après les deux arcs du dessous. Il doit en être de même pour
celle de droite. Nous pensons que ces arcs ont été ajoutés
afin d'épaissir les murs pour porter les voûtes du vaisseau
central.
Nous envisageons la situation suivante : le plan primitif
était celui d'une église charpentée à trois vaisseaux. Les
murs gouttereaux du vaisseau principal étaient portés par
des piliers de type R1010
ou R1110. Les arcs
reliant ces piliers étaient doubles. Cette église a été
ultérieurement voûtée.
Nous estimons que pour ce type d'évolution de
l'architecture, la construction primitive est antérieure à
l'an mille. Datation
envisagée : an 900 avec un écart de plus de 100
ans.
À cette analyse, il faut ajouter le plan de l'image
6 qui fait apparaître une nef à trois vaisseaux
avec trois absides en prolongement … et dépourvue de
transept. Ce plan caractérise selon nous une église
préromane. Notre hypothèse se trouve donc en partie
confirmée.
Nous n'avons pas visité le cloître de
cette cathédrale (image
14). D'ailleurs, plus généralement, les cloîtres
ne font pas l'objet d'une étude de notre part. Nous estimons
que, hormis quelques galeries mises en chantier auparavant,
les cloîtres bien ordonnancés datent du XIIesiècle.
Donc hors de la période que nous étudions. Cependant il est
possible que certains thèmes évoqués par des chapiteaux
reproduisent des thèmes plus anciens. C'est le cas ici avec
un chapiteau aux « aigles impériaux » et un autre aux «
sirènes à deux queues » (image
15).