L'église Notre-Dame de Valfrancesque à Moissac-Vallée-Française
Concernant cette église, voici ce qui
est écrit sur le livre « Vivarais
et Gévaudan Romans » de la collection Zodiaque
(auteur : Jean Nougaret) : « Aux
limites des Cévennes lozériennes, près du Gardon de
Sainte-Croix, à peu de distance de sa rencontre avec le
Gardon de Mialet, la « Vallée Francesque » aurait vu se
dérouler sur le lieu où s’élèvera plus tard l'église
Notre-Dame, une bataille victorieuse des Francs sur les
Sarrasins. La tradition locale hésite cependant sur les
protagonistes de cet hypothétique combat : Pépin le Bref
en présence de Charlemagne enfant, ou l'illustre Rolland
lui-même. Charlemagne aurait alors fait construire un lieu
de culte, Notre-Dame de la Victoire, en commémoration de
ce fait d'armes.
Une église est mùentionnée au Xesiècle,
que le pape Jean XI donne, vers 930-935, à l'évêque de
Nimes, Raynald. [...] La date de 1063 est avancée pour la
consécration d'une église qui ne peut être ni l'église
carolingienne, ni, on le verra, le lieu de culte actuel
... ». Plus loin, l'auteur justifie cette dernière phrase
par celle-ci : « La
qualité de l'appareil et celle de la sculpture des
impostes, la structure même de l'édifice (l'un des plus
intéressants du Gévaudan roman), permettent de situer
Notre-Dame de Valfrancesque à la fin du XIIesiècle.
»
Commençons tout d'abord par ce récit
d'une bataille entre Francs et Sarrasins permettant
d'expliquer le nom de la chapelle. Il s'agit d'une histoire
légendaire. Les esoprits positivistes ont tendance à
affirmer que toute légende est fausse. Nous pensons le
contraire ; toute légende est vraie. Plus exactement, toute
légende est issue d'une histoire vraie. Mais au cours du
temps, le récit de cette histoire vraie a été tellement
modifié, enjolivé, que cette histoire apparaît irréelle.
Concrètement, cela signifie que, concernant cette bataille,
la participation de Pépin le Bref, Charlemagne ou Rolland
eszt peu probable. Il est même possible qu'il n'y ait pas eu
de bataille, le nom de « Vallée Française » pouvant être
issu d'une colonisation de cette vallée par une tribu
franque. Par contre, une colonisation de cette région par
des francs est tout à fait envisageable durant cette période
historique. On sait que vers la fin du VIesiècle,
les francs se sont emparés de Saint-Bertrand de Comminges,
et, à deux reprises, se sont attaqués à Carcassonne. Plus
tard, ils se sont emparés de la Narbonnaise. On n'a que peu
d'informations à ce sujet, mais il semblerait qu'ils soient
rentrés dans la Narbonnaise côté Est (Alès, Nîmes). Charles
Martel aurait ensuite occupé Agde et Béziers.
Passons maintenant à l'étude de l'église. Selon Jean
Nougaret, cette église actuelle ne serait ni l'église
carolingienne, ni l'église consacrée en 1063, mais une
église bâtie à la fin du XIIesiècle. Trois
églises différentes pour un si petit pays, cela devrait
apparaître étonnant. Mais tout le monde semble trouver cela
très naturel. Et personne ne se demande ce que sont devenues
les deux églises disparues. Par ailleurs, l'auteur de cet
article serait capable de reconnaître une église du XIIesiècle.
Mieux que ça ! de la fin du XIIesiècle ! Donc,
il doit être capable d'identifier une église du milieu du XIIesiècle. Et une autre du début du XIIesiècle
.…
Et encore une église de la fin du
XIesiècle … Et on devine la litanie qui suit
… jusqu'au début du IVesiècle.
En ce qui nous concerne, nous le disons tout de suite : nous
ne sommes pas capables d'identifier un monument avec une
telle précision. Dire qu'une église donnée date de la fin du
XIIesiècle signifie qu'elle date de 1180 avec
un écart de 20 ans. Nous déclarons que nous ne sommes même
pas capables d'une telle précision à 20 ans près pour les
monuments construits à l'époque actuelle en l'absence de
documents écrits (par exemple en 1980 à 20 ans près). À plus
forte raison pour des monuments vieux de plus de 800 ans.
En fait, nous pensons qu'il y a une seule église construite
aux alentours du VIIIesiècle. Cette église
aurait été voûtée ultérieurement. Ceci est visible sur l'image 3.
L'appareil des murs est plus grossier que l'appareil
des pilastres adossés. D'où l'hypothèse que ceux-ci ont été
ajoutés ultérieurement. Ils sont essentiels dans le cas d'un
voûtement car ils portent les doubleaux qui, à leur tour,
participent au support de la voûte.
On sait que la date de consécration d'un autel ne correspond
pas forcément à la date d'achèvement de construction d'une
église. En conséquence, la date de 1063 n'est pas
significative.
Datation envisagée
pour la première construction de l'église Notre-Dame de
Valfrancesque à Moissac-Vallée-Française : an 850 avec un
écart de 200 ans.