L'église San Quilico de Giocatojo (Haute-Corse) 

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Petite information concernant les églises de Corse

La Corse est une des régions de France que nous ne connaissons que très peu : un seul séjour d'une semaine, principalement consacré à des occupations familiales. En conséquence, les principaux renseignements ou images que nous avons sur les monuments de cette région sont issus de sites Internet. Lire la suite...



L'église San Quilico de Giocatojo

Nous n'avons pas visité cette église. Les photos ci-dessous proviennent de la galerie d'images de Google.

Selon le site Corse Romane :  « L’église paroissiale San Quilico a été complètement refaite mais la façade occidentale (image 2) a été préservée et englobée dans le nouvel édifice.

Le linteau de la porte
(image 3) attire tout naturellement le regard : posé sur deux corbeaux ornés d’un cartouche rectangulaire présentant des petites arcatures en relief (cinq à gauche, trois à droite mais avec une colonnette au centre), le linteau présente dix cercles juxtaposés, décorés les uns de rosaces, les autres d’un oiseau stylisé. Ces reliefs sont à dater du XIe siècle pour G. Moracchini-Mazel, du XIIe siècle pour R. Coroneo.

Un arc en plein cintre entoure un tympan sur lequel se déroule l’inscription : ECCLESIAE HUIUS LITTERIS AEDIFICATIO FUIT ANNO 700. Allusion à la construction d’un édifice antérieur au XIe siècle.
[...]

Si la façade occidentale est restée presque intacte, il n’en est pas de même pour le côté sud par exemple, qui présente une porte remontée dans le nouveau mur ainsi que des dalles réutilisées.

L’intérieur est entièrement baroque. On peut cependant imaginer les dimensions de la nef romane, soit environ 15 m sur 6 m de large. Avec les chapelles latérales et le chœur, l’édifice atteint actuellement 20,40 m de long pour une largeur de 9,60 m.
  »

Nous pensons que le linteau de l'image 3 pourrait être plus ancien que le XIe siècle. Il a très certainement été replacé à cet endroit lors de la réfection du XVIIIe siècle. De même, l'inscription du tympan rappelant que cet édifice (ou un autre édifice antérieur à celui-ci) a été édifié à cet emplacement en l'an 700, a sans doute été effectuée lors de la même réfection.

Résumons ce qui est écrit ci-dessus. L'église primitive était à nef unique. Elle était prolongée par une abside semi-circulaire. Cette église primitive a été fortement remaniée au XVIIIe siècle. Des chapelles latérales ont été construites et une voûte, sans doute légère, a été installée sur les anciens murs romans.

Cette explication ne nous satisfait pas du tout. Commençons par regarder ces images. L'image 1 fait apparaître une église dissymétrique ; c'est vraiment du « n'importe quoi ». Tout à fait dans la logique des périodes classique ou baroque, où l'on modifiait les églises anciennes seulement en fonction des besoins : ici une sacristie, là une chapelle, ailleurs un baptistère. Examinons à présent l'intérieur (image 6). On y voit une enfilade de quatre arcs tous identiques suivis des deux autres arcs du chevet. En face, non représenté ici, une succession identique d'arcs. Tout cela fait penser à laÀ rigueur romane puis gothique.

Essayons à présent de prendre le problème par un autre bout. Vous êtes un architecte du XVIIIe siècle et on vous demande de restaurer une église à nef unique en installant des chapelles côté Sud. Qu'allez-vous faire ? En ce qui me concerne, je placerais mes chapelles contre le mur Sud déjà construit et, pour y accéder, j'ouvrirais dans ce mur de simples portes. Mais je ne checherais par à percer dans ce mur Sud les grands arcs du style de ceux de l'image 6, côté Nord. C'est à la fois compliqué, coûteux et totalement inutile ! À quoi sert de passer sous de grands arcs quand on peut utiliser une simple porte ! C'est l'exemple bien connu de Newton qui avait demandé de faire dans sa porte un grand trou pour le passage de la chatte et un plus patit trou pour les chatons.

En conséquence de cette analyse, l'hypothèse d'une église primitive à nef unique nous semble peu probable. Nous pensons que la nef primitive était à trois vaisseaux. Seul le vaisseau central aurait été conservé. Un décor baroque aurait recouvert les piliers du vaisseau primitif. Nous avons estimé que les basiliques primitives à piliers rectangulaires de type R0000 (ce qui semblerait être le cas ici) seraient antérieures à l'an 800. La datation de l'an 700 nous conviendrait donc parfaitement. Avec cependant un bémol : l'inscription du portail qui nous amène à cette datation pourrait être elle-même une simple hypothèse effectuée à partir de documents signalant l'existence de cette église aux alentours de l'an 700.


Datation envisagée pour l'église San Quilico de Giocatojo : an 700 avec un écart de 150 ans.