L'église Saint-Pierre-et-Paul d'Andlau 

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Nous avons visité cet édifice en novembre 2015. La plupart des images de cette page ont été prises lors de cette visite.

Image 1 : Cuve de sarcophage de forme trapézoïdale, à logette céphalique. Elle est datable du VIe ou VIIe siècle. Elle prouve l'ancienneté du lieu.

Image 3 : Au moment de notre visite, en novembre 2015, nous n'avions pas encore identifié les critères d'analyse élaborés depuis. De plus, nous étions surtout attirés par les sculptures de l'Ouvrage Ouest. D'emblée il nous a paru que l'intérieur de cette église était baroque. Et nous n'avons pas envisagé qu'un décor baroque pouvait cacher des structures plus anciennes. Il semblerait à présent que le déroulé de construction de cette église serait analogue à celui vu dans la page précédente : à l'origine, il y aurait eu construction d'une nef à trois vaisseaux avec vaisseau central charpenté et collatéraux voûtés. Le vaisseau central aurait été voûté à l'époque gothique. Cependant, nous ne disposons pas d'image pour le prouver.

Image 4 : La crypte. Nous ne savons pas où elle se situe, probablement sous l'ancien chœur. Hormis une sculpture de quadrupède (lion ? ours ?), elle ne présente pas un intérêt particulier.

Image 5 : L'ouvrage Ouest.

Image 6 : Le portail d'entrée de la nef à l'Ouest. Situé entre la nef et l'ouvrage Ouest (on traverse l'ouvrage Ouest pour y accéder), il est décoré d'un magnifique ensemble composé d'un tympan montrant le Christ, encadré par Saint-Pierre et Saint Paul, et d'un linteau représentant diverses scènes de la Genèse (Histoire d'Adam et Ève). On remarque l'anomalie suivante concernant le tympan. La scène représentant le Christ et les deux apôtres est inscrite dans un arc de pierres disposées en demi-cercle. Mais ce demi-cercle n'est pas complet. Il est interrompu par l'arc supérieur de la voûte en berceau. Si bien que les têtes du Christ et des apôtres affleurent cette voûte. Une voûte qui appartient à l'ouvrage Ouest. Alors que le portail, lui, appartient à la nef.

Que déduit-on de cela ? Tout simplement que l'ouvrage Ouest a été construit après la nef, accolé à celle-ci. Il faut aussi comprendre, lorsqu'on évoque des construction, le vocable « après » doit s'évaluer en décennies voire en siècles. Dans le cas présent, on peut sans trop se tromper affirmer que cet ouvrage Ouest a été construit au moins cinquante ans après la nef.


La frise de l'ouvrage Ouest (images 7 et 8)

Ce type de frise extérieure à un édifice est rare et c'est une des premières que nous ayons observée (il en existe aussi à Beaucaire, Strasbourg (cathédrale), Saint-Restitut (Drôme),...). Lorsque nous avons commencé nos recherches, nous avons aussitôt remarqué le caractère archaïque de certaines représentations. Par ailleurs, il y avait une apparente incohérence entre les diverses scènes observées, et une incompréhension de celles-ci. Il nous a semblé que cette rareté, cet archaïsme, cette incohérence et cette incompréhension devaient être le signe d'une particulière ancienneté.

Mais essayons d'examiner ces sculptures de plus près :

Image 9. De gauche à droite : lion dévorant un quadrupède (âne ? caprin ?), dragon dévorant un loup, relief érodé, oiseaux affrontés. Les images d'un lion associé à un dragon sont un peu représentées, en particulier sur des chaires ou ambons et en Italie. Le dragon est le symbole de l'animal qui permet le déplacement du soleil, cheval pendant le jour (pattes avant de cheval), anguille pendant la nuit (corps arrière d'anguille). Le loup et le caprin pourraient représenter les saisons, été et hiver).

Image 10. De gauche à droite : encore un dragon, qui dévore un guerrier, lequel est transpercé par un autre guerrier, scène probablement en lien avec la scène précédente, un homme sur un dromadaire, un homme tirant par le cou un captif. Mais il est possible que l'ensemble du panneau soit en lien avec une croisade.

Image 12 : Un guerrier combat un ours.

Image 13 : Scène de chasse à courre. Mais n'y aurait-t-il pas dans cette scène apparemment banale un symbolisme caché ?

Image 14. De gauche à droite, trois panneaux : un éléphant présenté d'une façon réaliste (mais il s'agit du réalisme de l'époque qui méconnaissait la morphologie de l'éléphant), un hybride à arrière-corps de cheval et avant-corps d'aigle, une scène de chasse avec des chiens. Quel pourrait être le lien entre ces représentations ?

Image 15 : Scène pastorale ; lion saisissant un oiseau.

Image 16 : Naïade chevauchant un poisson. Combat de cavaliers.

Image 17. De gauche à droite : lion ; lion dévorant un bœuf ; combat de guerriers.

Image 18 : Détail de l'image 17.

Image 19 : Autre détail de l'image 17.


Image 20 : Autre naïade chevauchant un poisson.

Image 21. Scène énigmatique : un hybride (le diable ?) maintient la bride sur le cou d'un homme.

Image 22. Autre scène énigmatique : peut-être l'épisode biblique du mauvais riche et du pauvre Lazare.

Image 23 : Autres scènes énigmatiques.

Image 24 : Scène de banquet dont le sens est aussi énigmatique.

Image 26 : Il s'agirait là d'une des seules scènes qui pourrait être associée à quelque chose vu ailleurs. Ce pourrait être une scène de travaux des mois : le mois où on tue le cochon. Dans le panneau central, un homme s'apprête à tuer un cochon avec une hache. Pendant ce temps, sur le panneau de gauche, un autre homme aiguise un couteau pour débiter le cochon.

Image 27 : Il s'agirait ici de la scène représentant « Samson et le Lion ». Selon la Bible, le géant Samson aurait maîtrisé un lion en écartant ses mâchoires. Scène difficilement lisible à cause de l'absence de la tête de Samson.

Contrairement à ce que nous avions envisagé lors de la découverte de ces scènes, elles ne sont pas préromanes. Le fait qu'elles soient énigmatiques est peut-être dû à un assemblage hétéroclite. Il ne l'était peut-être pas à l'origine, mais du fait que cette frise était exposée aux intempéries, certaines pièces ont disparu, d'autres ont été déplacées ou échangées. Si bien que la cohérence qui pouvait exister à l'origine a aussi disparu.


Datation envisagée pour l'église Saint-Pierre-et-Paul d'Andlau : an 1025 avec un écart de 75 ans.

Datation envisagée pour l'ouvrage Ouest (et sa frise) de l'église Saint-Pierre-et-Paul d'Andlau : an 1150 avec un écart de 50 ans.