Autres églises du département de la Somme  

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Dans cette page, nous étudierons quatre églises du département de la Somme : l'église Notre-Dame d'Airaines, l’abbatiale Notre-Dame de Ham, l'église Saint-Léger de Lucheux, l'église Saint-Christophe de Mareuil-Caubert.

Nous n'avons pas eu l'occasion de visiter ces églises, hormis celle de Mareuil-Caubert, dont nous n'avons pu photographier que l'extérieur. Les autres photographies sont issues des galeries d’images d’Internet.



L'église Notre-Dame d'Airaines

Selon la page du site Internet Wikipédia réservée à cette église : « Le prieuré d'Airaines est situé sur le territoire de la commune d'Airaines, dans le département de la Somme. Il a été fondé en 1130 et supprimé à la Révolution Française. Il dépendait du prieuré de Saint-Martin-des-Champs de Paris... affilié lui-même à 'Ordre de Cluny...

L'église Notre-Dame. C'est l'un des plus anciens édifices religieux du département de la Somme, édifié vers 1130. Cette église est un exemple du style de transition du roman au gothique. Elle figure sur la première liste des monuments historiques classés de 1840.

Architecture : La façade romane est d'une grande sobriété. Un portail sans tympan est surmonté d'une baie en plein cintre très simple. La nef est couverte de voûtes d'ogives primitives avec des colonnes surmontées de chapiteaux de type cistercien...

La cuve baptismale : La pièce maîtresse de l'édifice est une cuve baptismale du XIe siècle, romane, en pierre calcaire, conçue pour le baptême par immersion. Les côtés sont sculptés de personnages accroupis, d'allure fruste, sans doute des catéchumènes. L'un d'eux est tenté par le diable qui a pris la forme d'un dragon lui parlant à l'oreille. Le bord supérieur de la cuve est décoré d'une torsade et les angles sont moulurés en forme de colonne.
»

Concernant l'architecture de l'édifice, nous n'avons pas suffisamment d'images pour nous prononcer. Il semblerait que la nef primitive ait été de type basilical : nef à trois vaisseaux avec décrochement des toits au niveau des collatéraux (image 4, fenêtres supérieures vues sur l'image 3). La présence d'arcs brisés reliant les piliers confirme une période tardive dans l'art roman. La différence entre pilastres à section rectangulaire côté collatéraux et demi-colonnes engagées côté vaisseau central fait envisager plusieurs campagnes de travaux (voûtement en croisée d'ogives sur le vaisseau-central).

Remarque : la date de 1130 est probablement celle d'une fondation de communauté. Elle ne correspond pas forcément à une construction. Autre remarque : « surmontées de chapiteaux de type cistercien... » : nous aimerions bien savoir comment sont les « chapiteaux de type cistercien ».

La cuve baptismale nous a semblé la pièce la plus intéressante par les questions qu'elle soulève. La première des questions est sa forme, à section rectangulaire, faisant plus penser à un sarcophage qu'à une cuve baptismale. La deuxième question est son iconographie qui ne semble pas correspondre au symbolisme du baptême : des hommes nus, les bras enlacés. Les visages des hommes aux caractéristiques simiesques semblent issus des représentations celtes. L'absence de symboles chrétiens nous ont fait douter du caractère chrétien de cette réalisation. Ceci n'empêche pas que cette cuve ait pu servir à des cérémonies religieuses analogues au baptême chrétien.

Cependant, nous avons vu une autre cuve qui pourrait s'apparenter à celle-ci. Elle se situe à Bastanous dans le Gers. Elle aussi est à plan rectangulaire avec des colonnes cylindriques surmontées de chapiteaux à chaque coin. Et elle aussi développe des thèmes énigmatiques avec parmi ceux-ci trois hommes nus semi-accroupis sous une colonnade. Mais, à Bastanous, une croix pattée assure le caractère chrétien de cette cuve. Remarque : nous avons daté la cuve de Bastanous de l'an 700 avec un écart de 200 ans. C'est à peu près ce que nous comptons faire pour celle-ci qui serait donc selon nous bien antérieure au XIe siècle.

Datation envisagée pour l'église Notre-Dame d’Airaines : an 1150 avec un écart de 50 ans.

Datation envisagée pour la cuve baptismale de cette église : an 600 avec un écart de 200 ans.





L'abbatiale Notre-Dame de Ham

Selon la page du site Internet Wikipédia dédiée à cette église : « L'église Notre-Dame de Ham est l’ancienne abbatiale des chanoines génovéfains devenue église paroissiale de la ville de Ham à la Révolution. La construction débuta au XIIe siècle, l'église plusieurs fois détruite fut restaurée aux XVIIe et XVIIIe siècles et dans l’entre-deux-guerres. Le plan de l'église a la forme d'une croix latine avec une nef centrale et deux bas-côtés, un transept et un chœur surélevé, suivant ordonnancement bénédictin.

Les parties romanes : De l’église romane du XIIe siècle, on peut voir encore les parties basses de l’édifice, la façade occidentale avec son porche roman très sobre surmonté de trois baies hautes romanes.

Les parties gothiques : Elles concernent le chœur et le transept construits entre 1180 et 1220, couverts de voûtes gothiques barlongues. Les piliers avec colonnettes engagées sont surmontés de chapiteaux à crochet formés de palmettes stylisées. Le chevet de l’église est la partie la plus élancée et la plus élégante de l’édifice, il s'élève sur les trois niveaux de la crypte et de l'église avec des fenêtres en tiers-point soutenues par des contreforts.

Les restaurations du XVIIe et du XVIIIe siècles : Elles concernent essentiellement la nef détruite par les guerres du XVe au XVIIe siècle. En 1672, la croisée du transept fut surmontée d’un clocher. En 1760, un incendie provoqué par la foudre ruina la nef qui fut restaurée dans le style XVIIIe par le prieur Coste de Champeron.

La crypte : Classée monument historique en 1862, c’est la partie la plus intéressante de l’édifice datant de la fin XIIe-début XIIIe siècle. Située sous le chœur, elle en reprend le plan. Le vaisseau central est composé de deux nefs jumelles. Un épi de trois colonnes monolithes donne à cette crypte une voûte triangulaire à nervures qui reposent sur des chapiteaux à crochets ou à feuillage. La colonne centrale située devant l’autel supporte un faisceau de neuf nervures.
»

En étudiant cet édifice, nous espérions obtenir des traces d'une plus grande ancienneté que celle indiquée ici. Des images de l'intérieur de la nef auraient peut-être pu en témoigner (une église même fortement endommagée par des guerres ou des incendies peut conserver de telles traces permettant de modifier une évaluation).

Datation envisagée pour l'abbatiale Notre-Dame de Ham : an 1125 avec un écart de 75 ans.





L'église Saint-Léger de Lucheux

Selon la page du site Internet Wikipédia relative à cette église : « Histoire : L'église Saint-Léger de Lucheux est l'ancienne église du prieuré fondé en 1095 par Hugues II Campdavesne, comte de Saint-Pol et seigneur de Lucheux. Des moines de l'abbaye de Molesme, en Bourgogne, vinrent s'installer à Lucheux à la demande du comte.

Elle porte le nom de Saint-Léger, évêque d'Autun martyrisé en forêt de Lucheux au VIIe siècle. La construction de l'église débuta au XIIe siècle. Les voûtes datent du XVIe siècle, les collatéraux des XVIe et XVIIe siècles.

Caractéristiques : La façade de l'église construite en pierre est très sobre et date des XVIe et XVIIe siècles.

Le chœur et la nef ont gardé de très beaux chapiteaux romans du XIIe siècle. Certains d'entre eux illustrent les péchés capitaux1. Les arcades en plein cintre de la nef reposent sur des piliers cylindriques. Certaines voûtes d'ogives datent du XIIe siècle et sont ainsi parmi les plus anciennes de France.
»

Rappelons tout d'abord qu'une fondation ne correspond pas forcément à une création. Le texte précédent, « L'église Saint-Léger de Lucheux est l'ancienne église du prieuré fondé en 1095 par Hugues II », pourrait laisser entendre que l'église Saint-Léger a été construite après 1096, suivant l'idée que si le prieuré a été fondé en 1096, l'église a été construite après. Mais la suite du texte, « Des moines de l'abbaye de Molesme, en Bourgogne, vinrent s'installer à Lucheux à la demande du comte », apporte une contradiction logique. Cette contradiction est logique car, si des moines sont venus de la lointaine Bourgogne afin d'aider le comte Hugues, ils devaient être assurrés de disposer des moyens leur permettant d'accomplir leurs missions : un gîte, un couvert, des moyens de subsistance, un lieu de culte. Et peut-être une abbaye déjà construite. Car l'histoire récente nous apprend qu'il peut y avoir rotation des communautés au sein d'une même abbaye.

À la différence de l'église précédente, nous disposons d'images de l'intérieur. Et ces images font apparaître une nef à trois vaisseaux charpentés. Le vaisseau central est porté par des piliers cylindriques (type C0000). Les arcs reliant les piliers sont simples (images 20 et 21). Les chapiteaux des piliers pourraient être intéressants à étudier (nous avons beaucoup de difficultés à dater les édifices à piliers cylindriques). Le chapiteau de l'image 23, sans doute du XVIe ou XVIIe siècle, est selon nous d'intérêt moindre. Celui de l'image 24 est d'apparence plus romane. Son interprétation est délicate. Est-ce une défécation ? Avec tout le symbolisme associé comme le rejet de ce qui est impur ? L'image ne correspond pas à l'acte. Est-ce une scène analogie à celle vue ailleurs de l'homme surgissant de feuillages ?

Datation envisagée pour la nef de l'église Saint-Léger de Lucheux : an 750 avec un écart de 200 ans.

Datation envisagée pour l’avant-chœur de l'église Saint-Léger de Lucheux : an 1100 avec un écart de 50 ans.





L'église Saint-Christophe de Mareuil-Caubert

Selon la page du site Internet Wikipédia décrivant cette église : « Historique : La construction de l'église fut entreprise en 1099 par Henri Boutery, seigneur de Mareuil. Elle eut à souffrir de destruction en 1346 au moment de la bataille de Crécy, au début de la guerre de cent ans, mais son portail et le tympan furent préservés. Elle fut reconstruite par la suite.

Description sommaire : On accède à l'édifice par un bel escalier extérieur en bois. L'église est en partie de styles roman et gothique.

Le clocher est du XIIe siècle, la nef et les collatéraux sont un peu antérieurs et les trois travées du chœur sont successivement gothique, romane et gothique. L'église se termine par une abside à trois pans.

Le portail roman : Le portail datant de la première moitié du XIIe siècle est protégé par un auvent en charpente du XVIe siècle, au gâble aigu. Le porche en arc en plein cintre est encadré de voussures au décor de lignes brisées. Il est surmonté d'un tympan sculpté représentant le Christ en majesté au milieu du Tétramorphe (représentation symbolique des quatre Évangélistes).
»

Nous n'avons disposé que d'une vue de l’intérieur de la nef (image 30). Et cette vue, bien incomplète, ne permet pas de se faire une idée de cette nef. C'est dommage ! Car le texte pouvait faire espérer une datation au moins approchée. Il y est dit que le clocher est du XIIe siècle. Ce qui est difficile à confirmer à partir des vues extérieures. Mais il est possible que des vues intérieures le confirment. Surtout le texte dit que « la nef et les collatéraux sont un peu antérieurs » ? Sans doute les personnes qui ont étudié cette église ont constaté des différences de styles entre, d'une part, la nef et les collatéraux et, d'autre part, le clocher. Et en on déduit l'antériorité de la nef. Or nous avons constaté que, dans de nombreux cas, l'expression « de peu antérieur » devait être changée en « beaucoup antérieur ».
Remarque : nous ne tenons plus compte de phrases telles que « L'église a été construite à telle date » (ici, en 1099) sauf si ces phrases sont accompagnées de preuves solides d'une construction effective (et non la fondation d'une communauté ou la consécration d'un autel).

Concernant le tympan du tétramorphe, nous pensons qu'il date du second art roman.

Datation envisagée (mais sans réelle certitude) pour l'église Saint-Christophe de Mareuil-Caubert : an 1050 avec un écart de 100 ans.

Datation envisagée pour le tympan de cette église : an 1125 avec un écart de 50 ans.