Édifices d’Angleterre susceptibles d’être antérieurs à l’an 1000 

• Europe du Nord    • Article suivant   


À la différence des archéologues français qui ont négligé l’importance des édifices susceptibles d’appartenir au Premier Millénaire, les archéologues anglais ont été plus conscients de cette importance. Cela tient sans doute aux différences entre les histoires des deux pays. L’histoire (ou la légende) de France commence avec le roi Hugues Capet aux alentours de l’an 1000. Celui-ci réussit à créer un petit état autour de Paris indépendant de l’empire allemand créé par Charlemagne. En conséquence, il est inutile, voire nuisible à l’identité française, d’étudier l’histoire précédant l’an 1000. Concernant l’Angleterre, c’est un peu différent car il est difficile de raccorder son histoire à celle de la monarchie anglaise fondée en 1066 par Guillaume le Conquérant. Car cette fondation est le résultat d’une invasion par l’ennemi français. Il est donc important pour les historiens anglais de montrer que leur pays avait une histoire avant la venue de Guillaume le Conquérant.

En conséquence, les livres « Angleterre Romane 1 » et « Angleterre Romane 2 » de la Collection Zodiaque, écrits tous deux par Lucien Musset, de l’université de Caen, mentionnent l’existence d'édifices dits « saxons » et qui seraient donc antérieurs à 1066.


Voici un inventaire de ces édifices :


En Angleterre du Sud (Angleterre Romane 1)

Une église de bois : Greensted-juxta-Ongar (Essex).

Trois églises du comté de Northampton : Brixworth, Earls Barton, Barnack.

Deerhurst, église paroissiale Notre-Dame et chapelle d’Odda (Gloucesteshire).

Bradford-on-Avon, église Saint-Laurent (Wiltshire).

Bosham (Sainte-Trinité) et Sompting (Sainte-Marie), dans le Sussex.

Worth, église Saint Nicolas (Sussex).

Daglingworth, église Sainte-Croix (Gloucestershire).


N’ayant pu visiter récemment ces édifices, nous nous sommes permis de reproduire certaines images extraites de ce livre, ainsi que du livre  « Angleterre Romane 2 » , afin, non de les plagier, mais de montrer tout l’intérêt de réaliser une étude comparative de certains des monuments décrits avec d’autres situés sur le continent européen.

Ainsi l’église de Brixworth (images 2 et 3) semble avoir été initialement une église de type basilical à trois vaisseaux. Seul aurait subsisté le vaisseau central. Les piliers qui soutenaient les mur porteurs du vaisseau central sont en effet visibles tant à l’extérieur (image 2) qu’à l’intérieur (image 3). On distingue même sur l'image 2 une ligne horizontale séparant les arcades inférieures des fenêtres supérieures. Ce ne peut être que la ligne d’ancrage du bord supérieur d’un toit qui s’appuyait sur le mur du bâtiment. On songe, bien entendu, au toit du collatéral Nord.

On serait donc en présence d’une basilique à pilier carré de type R0000, une basilique plus romaine que romane. Le modèle de pilier à section fortement rectangulaire (L=2xl) et système de deux impostes situées en bord de pilier sous les arcs (et non une seule imposte située sur l’ensemble du pilier) s’apparente à celui de Saint-Sauveur de Redon ou de Locmaria de Quimper, en Bretagne française (toutes deux décrites dans ce site). Ce modèle serait postérieur à celui de Saint-Aphrodise de Béziers mais fortement ancré dans le premier millénaire (an 700 avec un écart estimé de 200 ans).

Le clocher de l'image 4 n’a pas son équivalent dans le Sud de l’Europe. Mais l’Angleterre en contient plusieurs identiques. Sa forme fait penser à un ouvrage de bois. Et c’est probablement son origine : on a imité dans la pierre des ouvrages préalablement construits en bois.

L’église de Bradford-on-Avon (image 5) pourrait-elle aussi être la copie d’un ouvrage de bois.. Elle ressemble (dans sa partie supérieure) à un autre ouvrage situé en Allemagne, Lorsch, décrit dans ce site.


En Angleterre du Nord (Angleterre Romane 2)

Barton-upon-Humber, Stow (Lincolnshire).

Corbridge, Hexham (Northumberland).

Escomb, Jarrow, Monkwearmouth (Durham).

Kirkdale (Yorkshire, North Riding).

Kirk Hammerton, Ledsham (Yorkshire, West Riding).

Repton (Derbyshire).

Sur l'image 6 de l’intérieur de l’église d’Escomb, l’arc triomphal sépare la nef du chœur. Cet arc est porté par des impostes à saillie vers l’intrados. Ce type d’imposte se retrouve dans l’Europe du Sud. Selon nous, il caractérise une époque intermédiaire entre l’imposte à saillie omnidirectionnelle et le couple chapiteau-tailloir. Il daterait du premier millénaire (plutôt la fin du premier millénaire : IXe- Xe siècle).

Par ailleurs, tout comme à Bradford-on-Avon, l’église d’Escomb est à chevet carré. On sait que de telles églises fréquentes dans le Sud de la France sont attribuables au premier millénaire.

Conclusion : Ce bref aperçu d’une région fort vaste ne peut être qu’un prélude à une recherche plus poussée. Nous pensons en effet qu’il doit exister en Angleterre d’autres édifices que les 20 cités ci-dessus et que, pour nombre d’entre eux, la datation est bien inférieure à l’an 1000.