L'abbatiale Saint-Willibrord d’Echternach
• Benelux
• Article
précédent
La ville d’Echternach, citée dans l'ouvrage « Belgique Romane » de la collection Zodiaque (image 1), est de fondation ancienne. On a retrouvé à proximité les restes d’une importante villa romaine (image 2).
On y trouve aussi deux sarcophages (images 8 et 9). Nous n’avons pas su dater ces sarcophages. Nous attendons d’en trouver de semblables avant de proposer une datation.
Lorsque nous avions vu cette nef, il y a seulement quelques années, nous avions été déçus de ne pas découvrir l’église romane que nous attendions.
Apparemment cette église était une église gothique. Or l’église que nous voyons sur ces photos n’est pas une église gothique. Il s’agit d’un édifice qu’on pourrait qualifier de préroman (mais que nous préférons appeler « du Premier Millénaire »). L’édifice primitif était formé d’une nef à trois vaisseaux. Ces trois vaisseaux étaient charpentés. Les piliers porteurs des murs gouttereaux du vaisseau central étaient en alternance cylindriques et quadrangulaires. À une date ultérieure (à l’époque gothique) les collatéraux ont été voûtés, mais pas le vaisseau central qui est resté plafonné.
Selon le Guide Vert Michelin et aussi d’autres renseignements trouvés sur Internet, la crypte serait l’ancienne basilique de l’abbaye fondée par Willibrord (mort en 739). Cette basilique de Willibrord serait donc carolingienne et formerait la crypte. Quant à la basilique supérieure, elle daterait du XIe siècle.
Nous ne sommes pas du tout d’accord avec ce point de vue. Selon nous, les bâtisseurs du XIe siècle connaissaient déjà toutes les techniques pour construire des églises voûtées. La basilique que l’on voit actuellement est antérieure à l’an 1000. Ce serait elle la basilique carolingienne. Mais alors, que dire de l’autre, celle qui constitue la crypte ? Pour nous, il pourrait s’agir d’une abbatiale antérieure à l’arrivée de Saint-Willibrord. Les commentateurs ont confondu fondation d’une abbaye et construction d’une abbatiale. Fonder une abbaye signifie réunir en un même lieu une communauté de personnes. Et non construire le lieu. Le lieu en question peut être une forêt, une grotte, ou même une abbaye construite longtemps auparavant pour une autre communauté.
Ajout le 22 décembre 2022
Nous avons effectué une visite rapide de cette cathédrale en avril 2005, c'est-à-dite 11 ans avant la création de l'actuel site Internet. Les commentaires ci-dessus ont été rédigés peu après cette création, dans le courant de l'année 2016.
À ce moment-là, nous n'avions pas encore élaboré les méthodes d'analyse des bâtiments que nous appliquons aujourd'hui. De plus, nous pouvons profiter aujourd'hui de certaines innovations techniques ou informatiques qui, à l'époque, n'étaient que peu répandues (imagerie par satellite, géolocalisation, cartes interactives, galeries d'images d'Internet, etc).
Il est donc possible, à présent, de revenir sur l'étude de ce monument.
La plupart des images de cette page ont été saisies lors de la visite initiale.
« Origine et fondation : Au VIe siècle, une communauté monastique s’installe au bord de la Sûre dans un domaine qui était une ancienne villa romaine. Les terres appartiennent au diocèse de Trèves qui donne la permission d’y construire un prieuré.
Période carolingienne : Dans le but d’évangéliser la région, saint Willibrord, récemment consacré évêque d'Utrecht, est autorisé en 698, à y construire un monastère plus grand. Il en est l'abbé jusqu'à sa mort, à Echternach même, en 739.
Willibrord édifie la première église abbatiale en 700 avec le soutien financier de Pépin de Herstal. En 714, Pépin le Bref, fils de Charles Martel, est baptisé à Echternach. Très en faveur auprès de la famille carolingienne et déjà connu comme l’apôtre des Frisons, Willibrord obtient de plus l’aide de Wilfred, évêque d’York, qui lui envoie des moines irlandais de l'abbaye de Ripon, pour évangéliser la région. Pour ce faire, il reçoit d'Angleterre, un ouvrage manuscrit particulier : les Évangiles d'Echternach... Après sa mort en 739, Willibrord est enterré dans son abbatiale, sa sépulture attire bientôt les pèlerins, surtout après sa canonisation.
En 751, Pépin élève le monastère au rang “d'abbaye royale” et lui donne son autonomie... En 785, le troisième abbé d’Echternach, Bernard, est nommé archevêque de Sens. À sa mort en 797, Charlemagne prend le contrôle de l’abbaye.
L'abbaye devient un centre réputé de production de manuscrits enluminés du IXe au XIe siècle... La réputation de l’abbaye est telle que Charlemagne y envoie son écolâtre, Alcuin, s’y former avant d’ouvrir l’école palatine d’Aix-la-Chapelle.
Très liée à la royauté franque, l’abbaye décline rapidement lorsqu’elle perd ce patronage. Une restauration a lieu vers 971 lorsque l’empereur Otton y envoie une quarantaine de moines bénédictins de Trèves. Le monastère est de nouveau réformé en 1028 par la nomination du nouvel abbé Humbert et se retrouve sous la protection directe des empereurs et notamment d'Henri III du Saint-Empire...
Restauration : Vers le milieu du XIXe siècle, le chœur de l'église s'effondre partiellement et menace de s’écrouler complètement. Aussi, en 1862, une association pour la reconstruction de l'église (Kirchbauverein) voit le jour à Echternach. Dès 1868, la reconstruction dans le style néo-roman est terminée. L’église est à nouveau consacrée...
Une partie de la basilique est détruite en 1944. Des tirs d'obus anéantissent les derniers murs. Elle est à nouveau reconstruite — sixième église en 14 siècles — en style roman comme à l'origine. La façade s'inspire de la basilique de Paray-le-Monial . L'édifice, reconstruit, est consacré en 1953. La crypte du VIIIe siècle a survécu aux vicissitudes des temps sans dommage majeur. »
Le texte ci-dessus permet de compléter nos informations.
Un problème subsiste concernant le paragraphe « Restauration ». On nous dit d'une part que « dès 1868, la reconstruction dans le style néo-roman est terminée.», et, d'autre part, « une partie de la basilique est détruite en 1944. .... Elle est à nouveau reconstruite ... en style roman, comme à l'origine ». S'il y a eu reconstruction dans un style néo-roman en 1868, comment a-t-on pu reconstruire dans le style roman d'origine après 1944 ? Le style néo-roman est assez facilement identifiable. L’intérieur de l'édifice n'est pas, selon nous, dans le style néo-roman. Il nous faut admettre que le style dit néo-roman de 1868 recouvrait au moins partiellement des éléments antérieurs qui ont été retrouvés, repris et généralisés dans les restaurations postérieures à 1944.
Nous pensons donc que la basilique actuelle reproduit la basilique primitive (hormis l'ouvrage Ouest qui serait une copie de celle de Paray-le-Monial). Nous avons dit précédemment que l'intérieur de cette basilique, primitivement charpenté, devait être préroman, ottonien ou même carolingien. Nous maintenons cette position. La datation que nous envisageons pour cette basilique est l'an 900 avec un écart de 100 ans.
La ville d’Echternach, citée dans l'ouvrage « Belgique Romane » de la collection Zodiaque (image 1), est de fondation ancienne. On a retrouvé à proximité les restes d’une importante villa romaine (image 2).
On y trouve aussi deux sarcophages (images 8 et 9). Nous n’avons pas su dater ces sarcophages. Nous attendons d’en trouver de semblables avant de proposer une datation.
Lorsque nous avions vu cette nef, il y a seulement quelques années, nous avions été déçus de ne pas découvrir l’église romane que nous attendions.
Apparemment cette église était une église gothique. Or l’église que nous voyons sur ces photos n’est pas une église gothique. Il s’agit d’un édifice qu’on pourrait qualifier de préroman (mais que nous préférons appeler « du Premier Millénaire »). L’édifice primitif était formé d’une nef à trois vaisseaux. Ces trois vaisseaux étaient charpentés. Les piliers porteurs des murs gouttereaux du vaisseau central étaient en alternance cylindriques et quadrangulaires. À une date ultérieure (à l’époque gothique) les collatéraux ont été voûtés, mais pas le vaisseau central qui est resté plafonné.
Selon le Guide Vert Michelin et aussi d’autres renseignements trouvés sur Internet, la crypte serait l’ancienne basilique de l’abbaye fondée par Willibrord (mort en 739). Cette basilique de Willibrord serait donc carolingienne et formerait la crypte. Quant à la basilique supérieure, elle daterait du XIe siècle.
Nous ne sommes pas du tout d’accord avec ce point de vue. Selon nous, les bâtisseurs du XIe siècle connaissaient déjà toutes les techniques pour construire des églises voûtées. La basilique que l’on voit actuellement est antérieure à l’an 1000. Ce serait elle la basilique carolingienne. Mais alors, que dire de l’autre, celle qui constitue la crypte ? Pour nous, il pourrait s’agir d’une abbatiale antérieure à l’arrivée de Saint-Willibrord. Les commentateurs ont confondu fondation d’une abbaye et construction d’une abbatiale. Fonder une abbaye signifie réunir en un même lieu une communauté de personnes. Et non construire le lieu. Le lieu en question peut être une forêt, une grotte, ou même une abbaye construite longtemps auparavant pour une autre communauté.
Ajout le 22 décembre 2022
Nous avons effectué une visite rapide de cette cathédrale en avril 2005, c'est-à-dite 11 ans avant la création de l'actuel site Internet. Les commentaires ci-dessus ont été rédigés peu après cette création, dans le courant de l'année 2016.
À ce moment-là, nous n'avions pas encore élaboré les méthodes d'analyse des bâtiments que nous appliquons aujourd'hui. De plus, nous pouvons profiter aujourd'hui de certaines innovations techniques ou informatiques qui, à l'époque, n'étaient que peu répandues (imagerie par satellite, géolocalisation, cartes interactives, galeries d'images d'Internet, etc).
Il est donc possible, à présent, de revenir sur l'étude de ce monument.
La plupart des images de cette page ont été saisies lors de la visite initiale.
« Origine et fondation : Au VIe siècle, une communauté monastique s’installe au bord de la Sûre dans un domaine qui était une ancienne villa romaine. Les terres appartiennent au diocèse de Trèves qui donne la permission d’y construire un prieuré.
Période carolingienne : Dans le but d’évangéliser la région, saint Willibrord, récemment consacré évêque d'Utrecht, est autorisé en 698, à y construire un monastère plus grand. Il en est l'abbé jusqu'à sa mort, à Echternach même, en 739.
Willibrord édifie la première église abbatiale en 700 avec le soutien financier de Pépin de Herstal. En 714, Pépin le Bref, fils de Charles Martel, est baptisé à Echternach. Très en faveur auprès de la famille carolingienne et déjà connu comme l’apôtre des Frisons, Willibrord obtient de plus l’aide de Wilfred, évêque d’York, qui lui envoie des moines irlandais de l'abbaye de Ripon, pour évangéliser la région. Pour ce faire, il reçoit d'Angleterre, un ouvrage manuscrit particulier : les Évangiles d'Echternach... Après sa mort en 739, Willibrord est enterré dans son abbatiale, sa sépulture attire bientôt les pèlerins, surtout après sa canonisation.
En 751, Pépin élève le monastère au rang “d'abbaye royale” et lui donne son autonomie... En 785, le troisième abbé d’Echternach, Bernard, est nommé archevêque de Sens. À sa mort en 797, Charlemagne prend le contrôle de l’abbaye.
L'abbaye devient un centre réputé de production de manuscrits enluminés du IXe au XIe siècle... La réputation de l’abbaye est telle que Charlemagne y envoie son écolâtre, Alcuin, s’y former avant d’ouvrir l’école palatine d’Aix-la-Chapelle.
Très liée à la royauté franque, l’abbaye décline rapidement lorsqu’elle perd ce patronage. Une restauration a lieu vers 971 lorsque l’empereur Otton y envoie une quarantaine de moines bénédictins de Trèves. Le monastère est de nouveau réformé en 1028 par la nomination du nouvel abbé Humbert et se retrouve sous la protection directe des empereurs et notamment d'Henri III du Saint-Empire...
Restauration : Vers le milieu du XIXe siècle, le chœur de l'église s'effondre partiellement et menace de s’écrouler complètement. Aussi, en 1862, une association pour la reconstruction de l'église (Kirchbauverein) voit le jour à Echternach. Dès 1868, la reconstruction dans le style néo-roman est terminée. L’église est à nouveau consacrée...
Une partie de la basilique est détruite en 1944. Des tirs d'obus anéantissent les derniers murs. Elle est à nouveau reconstruite — sixième église en 14 siècles — en style roman comme à l'origine. La façade s'inspire de la basilique de Paray-le-Monial . L'édifice, reconstruit, est consacré en 1953. La crypte du VIIIe siècle a survécu aux vicissitudes des temps sans dommage majeur. »
Le texte ci-dessus permet de compléter nos informations.
Un problème subsiste concernant le paragraphe « Restauration ». On nous dit d'une part que « dès 1868, la reconstruction dans le style néo-roman est terminée.», et, d'autre part, « une partie de la basilique est détruite en 1944. .... Elle est à nouveau reconstruite ... en style roman, comme à l'origine ». S'il y a eu reconstruction dans un style néo-roman en 1868, comment a-t-on pu reconstruire dans le style roman d'origine après 1944 ? Le style néo-roman est assez facilement identifiable. L’intérieur de l'édifice n'est pas, selon nous, dans le style néo-roman. Il nous faut admettre que le style dit néo-roman de 1868 recouvrait au moins partiellement des éléments antérieurs qui ont été retrouvés, repris et généralisés dans les restaurations postérieures à 1944.
Nous pensons donc que la basilique actuelle reproduit la basilique primitive (hormis l'ouvrage Ouest qui serait une copie de celle de Paray-le-Monial). Nous avons dit précédemment que l'intérieur de cette basilique, primitivement charpenté, devait être préroman, ottonien ou même carolingien. Nous maintenons cette position. La datation que nous envisageons pour cette basilique est l'an 900 avec un écart de 100 ans.