Cheminement d'un naïf 

Essais de datation    • Article suivant 
 

Notre site se veut être à la fois un site d'offre d'informations ainsi que de recherche d'informations. Les données recueillies sont le résultat de plus de 12 ans de recherches (après plusieurs années de réflexion) : six ans d'études préparatoires (lecture de textes anciens, de rapports de fouilles archéologiques, de compte-rendus de visites de monuments) et six ans de vie du site.

Il s'agit d'une évolution en « dents de scie » avec des résultats inattendus et, parfois des recherches infructueuses. Et il est nécessaire de faire régulièrement le point. Nous l'avons fait à plusieurs reprises, mais dans des domaines particuliers. Nous comptions effectuer une réévaluation des datations de monuments. C'était déjà envisagé dans les pages non encore rédigées du menu « Datation ». Mais nous avons réalisé que cette évaluation de datation faisait partie d'un tout : évaluer la date d'un monument est une chose, évaluer le contexte dans lequel le monument a été édifié, une autre, annexe de la première. Il existe un rapport entre le monument et la culture qui l'a vu naître. Par ailleurs, il existe un lien entre l'architecture d'un monument et l'iconographie qui l'accompagne : les deux aspects ne peuvent être traités indépendamment.

Après plus de 12 ans d'activité, il fallait effectuer un bilan global.

Je vais à présent parler à la première personne du singulier afin de montrer comment a évolué ma réflexion. Il ne s'agit pas là de ma part – du moins c'est ainsi que je le pense – d'un comportement purement narcissique. C'est dans le but de montrer l’intérêt que peut représenter une recherche globale, effectuée un peu dans toutes les directions.


Le CD Rom Béziers 2002

Il faut tout d'abord savoir que durant ma carrière d'enseignant de mathématiques, à plusieurs reprises, j'ai essayé de sortir des sentiers battus. En 1998, en présence d'une classe très motivée, j'ai proposé à mes élèves de créer un CD Rom. Très vite l'idée est venue de consacrer ce CD Rom à Béziers et au Biterrois, territoire correspondant à l'ancien diocèse de Béziers. Mais très vite aussi, je me suis retrouvé seul à alimenter ce CD Rom en textes et en images. Deux élèves Guillaume Gout en premier, puis Guillaume Cagnon, se sont occupés de la partie informatique, réalisant un travail remarquable. Plus tard, Bernard Cortès, enseignant d'anglais a été chargé de la traduction en anglais. Le CD Rom qui devait être terminé à l'an 2000, l'a été en 2002. Il est intitulé Béziers 2002. La fabrication de ce CD Rom s'est révélée être une excellente expérience pour moi.

J'avais voulu donner une forme encyclopédique à l'ouvrage. En conséquence, j'étais obligé de tout décrire sur Béziers et le Biterrois, le plus souvent superficiellement. C'est une position contraire aux habitudes d'un chercheur. Celui-ci choisit le plus souvent un sujet restreint pour lequel il se sent plus compétent. S'il s'intéresse à l'art roman du Biterrois, il se renseignera sur tout ce qui concerne les églises romanes du Biterrois et négligera les églises gothiques, les vestiges romains, le Canal du Midi, le sac de 1209, Jean Moulin. Quant à moi, j'étais contraint d'avoir une vision d'ensemble, de m'intéresser à tout, de sauter d'un sujet à un autre, de ne pas m'appesantir sur une question délicate. La rédaction de ce CD Rom m'a permis de faire de véritables petites découvertes sur Béziers et le Biterrois. Les images de 1 à 6 en témoignent.

Image 2 : Première page du CD Rom. Dans la bande horizontale supérieure : menu principal 1. Dans la bande horizontale inférieure ; sous-menu 2 du menu 1 ; ici le thème Histoire. Sous les vignettes ; sous-menu 3 du menu 2 ; ici le thème Antiquité. A droite, texte du premier onglet du menu 3 : Préhistoire.



Le Livre Enquête sur la Cathédrale romane de Béziers

Une fois terminée la rédaction et la publication du CD Rom, j'estimais que c'était l’œuvre de ma vie et je ne comptais pas poursuivre une telle expérience. Cependant quelques questions restaient en suspens. En réalisant ce CD Rom, j'avais découvert des choses que j'ignorais. Mais j'avais aussi découvert que d'autres que moi les ignoraient aussi, voire refusaient de les connaître. Et ces autres personnes étaient des spécialistes, historiens ou responsables du patrimoine. En conséquence, le spécialiste que je n'étais pas commençait à se déniaiser. Un des problèmes posés était celui de la cathédrale de Béziers. Il y avait dans cette cathédrale des anomalies de construction que je n'arrivais pas à expliquer. Les ouvrages consultés, les spécialistes contactés, n'expliquaient pas ces transformations. Qui plus est, eux qui étaient des spécialistes, semblaient ne pas les avoir vues ! Mais ils utilisaient un vocabulaire ronflant – et incompréhensible – de spécialistes de l'art roman, pour expliquer l'évolution de la construction... en ayant auparavant dit que tout était parfaitement clair.

En conséquence, j'ai entrepris d'effectuer des recherches sur cette cathédrale. Mon expérience du CD Rom me conduisait à procéder dans toutes les directions. Deux ans plus tard, le livre Enquête sur la Cathédrale romane de Béziers paraissait. À ce jour, à ma connaissance, personne n'a remis en question son contenu.

J'ai retenu de cette expérience plusieurs leçons. La première est une meilleure prise de conscience de mes compétences : j'ai perdu depuis tout complexe d'infériorité vis-à-vis des divers spécialistes de l'art roman. Mais il y a eu aussi conscience de mes lacunes : je n'étais pas en mesure de tout expliquer. J'ai enfin constaté l'importance d'une recherche tous azimuts : bien souvent, la réponse à une question apparemment minime concernant un document donné peut se trouver à des centaines de kilomètres de là et pour un support totalement différent (images de 7 à 12).



Les recherches concernant le Premier Millénaire

Le livre sur la cathédrale de Béziers a été publié en mai 2011. Là encore, je croyais en avoir terminé avec les recherches. Ce d'autant que j'avais obtenu mes droits à la retraite.

Cependant, peu de temps après, j'ai eu l'occasion de visiter l'église Saint-Jacques de Béziers que je ne connaissais que peu, car elle était presque tout le temps fermée. Auparavant, j'avais visité plusieurs autres églises de Béziers ou des environs. Je soupçonnais certaines d'entre elles préromanes. L'histoire de leur architecture apparaissait facile à reconstituer. Le décryptage de la cathédrale de Béziers ayant été beaucoup plus complexe, je m'attendais à résoudre rapidement les problèmes rencontrés à Saint-Jacques que je ne le soupçonnais. Je n'y suis pas arrivé !

Dans un tel cas, on décide d'étendre les recherches et de prospecter dans le voisinage. Mais ayant une assez bonne connaissance de la région, je savais que je ne trouverais rien.

C'est alors que j'ai décidé de frapper un grand coup : étaler les recherches dans l'espace – l'Europe et le contour Méditerranéen –, et le temps, – le premier millénaire de notre ère –. En fait le « grand coup » en question n'était pas si grand que cela. Car, dès le début, j'ai décidé de ne pas étudier le monde romain. Il me semblait en effet que tout avait été dit sur les romains, que la documentation était énorme et qu'il ne servait à rien d'y revenir. J'avais donc envisagé d'étudier seulement la période de l'an 400 à l'an 1000. dite des Grandes Invasions. Je n'avais pas non plus l'intention d'étudier les textes religieux des Pères de l’Église. En conséquence, le travail apparaissait extrêmement simplifié : très peu de textes historiques, très peu de monuments. Un archéologue à qui je révélais mon intention a ainsi témoigné de sa surprise : « Mais à quoi bon ? Tout a été détruit par les invasions barbares ! »

La décision d'organiser cette réflexion se situe en fin d'année 2012. À ce moment-là, il a été décidé de ranger l'ensemble des documents faits ou à faire dans un dossier intitulé « Livres : les siècles des invasions », contenant douze sous-dossiers dont voici les titres :

Livre 1 : Généralités.

Livre 2. Documents écrits : les historiens.

Livre 3. Documents écrits : les chartes.

Livre 4. Autres documents écrits : exemple, les études comparatives.

Livre 5 : Les arts funéraires (IVe et Ve siècles).

Livre 6 : Les inhumations.

Livre 7.  Petit mobilier ; monnaies, céramiques.

Livre 8. Architecture : étude du Biterrois, Saint-Ponais.

Livre 9. Architecture : étude du Narbonnais.

Livre 10. Architecture : étude du Midi de la France (autre que les régions précédemment citées).

Livre 11. Architecture : autre que le Midi de la France.

Livre 12 : Architecture du Premier Millénaire.

Assez rapidement, vu la difficulté de trouver certains renseignements, certains de ces « Livres » ont été négligés ou mis de côté en attendant des recherches ultérieures. Il en est ainsi du Livre 3 (difficulté de trouver des chartes retranscrites et traduites), des Livres 5, 6 et 7 (il m'a manqué un recensement de toutes les données archéo- logiques).

J'ai commencé ma recherche systématique par l'Histoire (Livre 2 : les historiens). Et ce, d'une façon très peu académique... si l'on se réfère aux pratiques habituelles.
En effet, lorsqu'on cherche une information sur le plan historique, le premier réflexe est de consulter des auteurs actuels. Ceux-ci sont plus facilement accessibles et compréhensibles que les historiens de l'époque. C'est d'ailleurs ce que j'avais fait auparavant. Mais mes recherches précédentes m'avaient montré que l'on peut éventuellement faire de petites découvertes en lisant des textes anciens… des découvertes comme, par exemple, la description d'un monument susceptible de m'intéresser.

J'ai donc décidé de me donner six mois pour lire les ouvrages des historiens de la période des grandes invasions. J'estimais ce temps largement suffisant au vu de la rareté de ces historiens. Mais, sachant, d'après les informations fournies auparavant, que l'apogée de l'Empire Romain se situait au IIe siècle, j'ai estimé qu'il était nécessaire d'étudier les historiens de la période suivante du Bas-Empire, afin de connaître les causes de la décadence romaine qui ont provoqué les grandes invasions. Puis, finalement, j'ai choisi d'ajouter à la toute petite liste de tous petits auteurs latins ou grecs que j'avais établie, un historien du premier siècle de notre ère. Il y en avait deux, tous deux bien connus : Suétone et Tacite. Au hasard, j'ai opté pour Suétone.

La lecture de la Vie des douze Césars de Suétone a été un choc, la découverte d'un monde que je ne connaissais pas. Et, par la suite, le choc s'est poursuivi avec les auteurs suivants, ceux de l'Histoire : Auguste, Pomponius Mela, Ammien Marcelin, Jordanès,...,et surtout Grégoire de Tours, historien que j'estimais mineur et qui s'est révélé plus prolifique que Tacite et Suétone réunis. Cette lecture des historiens anciens suivie de divers autres conclusions de recherche me donnent de l'Empire Romain et des royaumes barbares une image fort différente de celle que je croyais connaître (Lire la page suivante intitulée : Remise en question de présupposés en histoire du premier millénaire).



Le site millenaire1.free.fr

En décembre 2012, je pensais consacrer au plus six mois à la lecture des textes d'historien anciens. J'y ai mis plus d'un an… et elle n'est pas terminée. Il y manque les historiens postérieurs à l'an 800. Et de plus, je suis persuadé qu'il faut refaire cette lecture car il reste beaucoup de choses à découvrir.

En 2015, il est apparu qu'il fallait faire quelque chose du travail de compilation déjà effectué. Le choix effectué auparavant d'écrire 12 livres, dans le but de les imprimer, a été remis en question. L'idée m'est venue de créer un site Internet. Alain Le Stang a accepté de m'aider, dès décembre 2015, en construisant l'architecture du site et en assurant sa maintenance. Il a eu par la suite l'idée d'introduire de nombreuses cartes interactives et des galeries d'images. Il relit chaque texte envoyé avant de l'insérer sur le site. Cette aide extrêmement précieuse a permis d'accélérer les recherches.

Les huit ans de vie de ce site ont été très productifs. Les hypothèses de 2012 (possibilité que certaines grandes églises considérées comme postérieurs à l'an 1000 soient antérieures à cette date, possibilité que des spécialistes de l'art roman aient commis des erreurs de datation), avaient pris corps en 2015 – ce qui justifiait la création du site – et sont devenues en 2024 de quasi certitudes. Avec quelques surprises : ce ne sont pas quelques églises qui seraient antérieures à l'an mille, mais des milliers ! (actuellement, environ 1500, mais de nombreux pays restent à visiter), ce ne sont pas quelques spécialistes qui se sont trompés sur les datations, mais la grande majorité.

Ce qui est écrit ci-dessus peut, et même, devrait choquer. Mais toute recherche a quelque chose de choquant, car elle heurte les convictions. Je suppose que lorsque Pythagore a présenté son fameux théorème, il n'a pas eu l'assentiment général. On a dit qu'il se trompait, que la somme des carrés des côtés d'un triangle rectangle ne pouvait pas être égale au carré de l'hypoténuse. Alors Pythagore a été obligé de montrer ce qui l'avait conduit à affirmer cela. Ce faisant il exprimait au moins implicitement l'idée suivante : « Si vous avez des doutes, reprenez point par point ma démonstration, et n'hésitez pas à me dire ce qui ne va pas et ce qui est faux, si vous n'êtes pas d'accord.». Le texte de cette page raconte exactement la même chose. C'est une démonstration. Si vous suivez l'itinéraire que j'ai suivi, c'est-à-dire si vous lisez les textes d'origine traduits du latin, si vous reprenez toutes les descriptions de monuments de ce site, et si vous analysez avec la même rigueur d'autres monuments, vous arriverez aux mêmes conclusions que moi. Ceci dit sans forfanterie.

Quelles sont les conséquences que l'on peut tirer de cela ? Concernant les chapitres « Histoire » et « Monuments », le lecteur peut grappiller les renseignements, ne s'intéresser qu'à un monument ou à une région ou à un thème précis. L'inconvénient du système vient de son caractère répétitif (par exemple on se sent obligé à chaque fois d'expliquer ce qu'est un pilier de type R0000 ou R1010). Cela peut être lassant pour un lecteur attentif. À l'inverse, la chapitre « Datation » ne peut être lu d'une façon aléatoire, car il existe un cheminement qu'il faut suivre en entier.