La cathédrale San Lorenzo de Gênes 

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La page du site Internet Wikipedia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« La cathédrale San Lorenzo (cattedrale di San Lorenzo) est la cathédrale de Gênes, consacrée par le pape Gélase II en 1118, et est dédiée à Saint Laurent, archidiacre de l'Église de Rome, martyrisé en 258 sur la via Tiburtina.

Façade : L'alternance du gris et du blanc sur la façade, procédé assez commun dans la Ligurie, appuie l'aspect massif de l'ensemble, et la rapprocherait du style roman, tandis que les trois portails ornés de multiples statues la rapprochent des cathédrales gothiques de France. Les alternances se portent également sur les colonnes. L'escalier majestueux est entouré de deux murs portant des lions.

Dans le portail du centre, le Christ bénissant, portant un livre doté d'une inscription, est entouré d'une mandorle presque circulaire ; il semble s'éveiller du tombeau, dont on voit la couche derrière lui. Le reste de ce niveau est agrémenté des quatre animaux de l'Apocalypse dans lesquels la tradition chrétienne reconnaît habituellement les quatre Évangélistes.


Dans le niveau inférieur, une frise horizontale présente le martyre de saint Laurent, sur un gril, entouré de deux bourreaux qui attisent les flammes avec des soufflets. À gauche, on reconnaît l'empereur, barbu et qui, d'un doigt impérieux, commande l'exécution.

À droite du portail, l'arbre de Jessé présente des scènes décrivant les ancêtres de chaque étape de l'histoire du peuple élu, jusqu'à Marie, surmontée du Père qui tient le Fils en croix de ses deux bras, alors que de sa bouche surgit la colombe du Saint-Esprit, rejoignant la tête du Fils.

À gauche du portail, sont présentées des scènes de la vie du Christ : Annonciation, Visitation, Nativité,
[...], et Fuite en Égypte. [...] »

Dans la suite du texte, l'auteur décrit les œuvres d'art contenues dans l'église mais ne donne que peu de précisions sur son architecture.

Le début du texte, rapporté ci-dessus, nous semble néanmoins très instructif. Nous y apprenons que l'édifice a été consacré en 1118. Et c'est la seule date signalée avant l'an 1200. En existe-t-il d'autres ? Nous l'ignorons.

Nous rappelons qu'une date de consécration d'église est dans la plupart des situations interprétée par les historiens de l'art médiéval comme une date de fin des travaux sur cette église. Nous pensons que c'est souvent le cas. Mais pas toujours ! Et puis même dans le cas où cette consécration marque l'achèvement de travaux, ceux-ci peuvent n'être que partiels. C'est un autel que l'on consacre et non une église. Et l'autel consacré peut-être celui d'une crypte ou d'une chapelle. Dans le cas présent, il faudrait savoir quel a été l'autel consacré, et si c'est l'autel majeur. Par ailleurs, l'autel peut être consacré alors que l'église n'est pas encore terminée.

Ces réserves mises à part, nous devons effectuer la remarque suivante : dans le texte ci-dessus, le seul indice qui nous soit donné en matière de datation est : « cathédrale de Gênes, consacrée par le pape Gélase II en 1118 ». En conséquence, au vu de cette phrase exprimée sans les réserves que nous venons d'émettre, le simple lecteur ne peut qu'en déduire que la cathédrale était achevée en 1118. Et étant donné que cette analyse n'est paqs contestée par les historiens de l'art, nous-mêmes en déduisons qu'ils la confirment.

À présent, regardons la quelque centaine de pages concernant le Latium qui précèdent celle-ci. Mais aussi beaucoup d'autres de ce site. Pour un grand nombre de ces pages, il existe des images de l'intérieur de la nef. Ainsi que des estimations de datation effectuées par des historiens de l'art. Commençons par comparer les images de ces nefs avec les images 4, 5 et 6 de l'actuelle église. Pour nous, c'est comme comparer une hache de pierre avec une tronçonneuse. La nef de la cathédrale de Gênes nous semble nettement plus évoluée que les nefs vues dans la Latium (exceptées celles qui sont estimées baroques). Or les historiens de l'art datent ces nefs du Latium de la deuxième moitié du XIIesiècle, voire du XIIIesiècle. Alors que celle de Gênes daterait du début du XIIesiècle. Comme si la tronçonneuse était antérieure à la hache de pierre !

La conclusion que nous tirons de cette comparaison est la suivante : lorsque l'on raisonne sur le plan local d'une église, le discours apparaît cohérent. Mais si on raisonne d'une façon globale, en comparant les points de vue locaux, les incohérences apparaissent.

Maintenant, essayons de donner notre point de vue sur cette église. Nous avons déjà dit que la consécration de 1118 (si toutefois la date a bien été retranscrite) n'était pas une preuve suffisante de fin des travaux. Cependant, il a bien dû se passer quelque chose pour qu'il y ait une consécration. Et apparemment, ce ne peut être la consécration d'un bâtiment antérieur à cette église. Il est difficile en effet d'imaginer qu'il y ait eu construction de deux bâtiments importants en moins d'un siècle. Donc il y a de fortes chances que la consécration de 1118 ait concerné la nef actuelle. Mais peut-être pas la façade Ouest qui pourrait être un peu plus tardive. Notons que ces datations correspondent, à quelques années d'écart, à celles d'églises comme Vézelay ou Saint-Lazare d'Autun, églises qui ont quelques éléments communs avec celle-ci, tels des arcs brisés.


Datation envisagée pour la nef de la cathédrale San Lorenzo de Gênes : an 1100 avec un écart de plus de 50 ans.