L'église Maria Santissima della Pieve de Vallerano
Les images ci-après sont extraites
d'Internet.
Nous n'avons pas visité cette église. Elle a fait l'objet
d'une monographie succincte écrite par Enrico Parlato dans
le livre « Rome et Latium
romans » de la Collection Zodiaque.
Selon lui, « Il s'agit
d'une église à nef unique soudé à angle droit à un autre
tout à fait semblable » (sic). Nous pensons qu'il a voulu
dire : « Il s'agit
d'un édifice formé par deux nefs uniques soudées entre
elles à angle droit
». On peut
vérifier cette assertion avec les images
1 et 3 présentant deux absides qui ne différent
que par des détails comme les fenêtres.
Considérons celle de l'image
1. Très
étroite, elle est située dans l'axe de l'église. Nous
estimons que les fenêtres d'absides pourraient constituer un
bon marqueur de datation : absentes à l'origine, elles
apparaissent lentement et petitement, laissant pénétrer un
peu de lumière pour s'élargir considérablement durant la
période romane. La datation est néanmoins difficile, car
dans de nombreux cas (dont celui de l'image 3), des fenêtres ont été percées ultérieurement.
Nous ne sommes pas encore arrivés à établir une chronologie
acceptable.
Analysons quelques unes des images.
Image 1 : Certains
éléments de la corniche de bord de toit sont sculptés de
figurines. On identifie, à gauche, la scène désormais
classique des « oiseaux
au canthare » et un quadrupède ; à droite, ce qui semble
être un ange.
Image 2 : Détail
de la corniche. Les images
1 et 3 font envisager un décor d'arcatures
lombardes. On réalise que ce n'est pas le cas : ce sont de
fausses arcatures lombardes. Sont représentés ici un taureau
et un oiseau. Est-ce le début de représentation d'un
tétramorphe ?
Image 5 : Fresque
de cul-de-four d'abside. Il s'agit de l'abside aux grandes
fenêtres de l'image 3.
Sont représentés le Christ en gloire entouré des saints
Pierre et Paul, ainsi que de deux diacres, probablement
Étienne et Laurent. Cette fresque semble avoir été très
restaurée. Enrico Parlato envisage une datation au deuxième
quart du
XIIesiècle. Quant à nous, nous ne pouvons nous
prononcer tant que nous n'avons pas établi une chronologie
cohérente sur la datation des absides.
Image 6 : Croix à
entrelacs appelée Sceau de Salomon. Nous n'avons pas de
renseignement sur celle-ci. Ce type, présent sur des
mosaïques de pavement romaines, semble avoir traversé les
siècles.
Datation
envisagée pour l'église Maria Santissima della
Pieve de Vallerano : an 1050 avec un écart de 100 ans.
Datation susceptible d'être modifiée après une meilleure
approche de la datation des absides.
Rectificatif :
Les commentaires précédents ont été faits avant l'étude
consacrée à la basilique des Saints Côme et Damien de Rome.
Lors de cette étude, nous avons analysé la mosaïque de
l'abside de cette basilique représentant le Chris, avec à
gauche le pape Félix IV et Saint Paul, et à droite, Saint
Pierre et un saint. Une scène tout à fait semblable à celle
de l'image 5, la
différence étant le remplacement du pape FélixIV par un
saint. La mosaïque de la basilique de Rome est datée de l'an
530. Cette datation doit, bien entendu, être soumise à
vérification. Mais elle témoigne d'une période probable
d'exécution. La ressemblance entre les deux œuvres, la
mosaïque et la fresque, ne peut être le fait du hasard. Nous
ne pouvons imaginer que la fresque soit romane (du XIe
ou XIIe siècle), car cela signifierait qu'il y
a eu persistance d'un même modèle pendant près d'un
demi-millénaire. Il y a donc deux possibilités. La première
est que les deux œuvres sont contemporaines. Ce qui
signifierait une datation nettement plus ancienne que celle
proposée ci-dessus. Pour la deuxième possibilité, nous
envisageons que la fresque a pu être réalisée comme copie
servile d'un modèle ancien. Or cette pratique n'existait pas
au Moyen-Âge. On la rencontre plutôt durant la période
moderne, au XVIIIe ou XIXe siècle
avec les « néos »
: néoclassique, néoroman, néogothique. En conséquence, nous
attendons d'autres informations pour proposer une datation
de cette église.