La concathédrale San Nicola de Palmi  

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Définition du mot « concathédrale »

Le mot « concathédrale » n'est pas défini dans le Petit Larousse. Pas plus d'ailleurs que le mot « cocathédrale » ainsi décrit sur Internet : « Une « cocathédrale » est un édifice religieux élevé au rang de cathédrale alors qu'il en existe une autre dans le diocèse. La cocathédrale latine de Jérusalem en est un exemple. Le prêtre qui supervise les offices et la gestion d'une cathédrale est appelé « archiprêtre » (ou « recteur-archiprêtre » si celle-ci a le rang de basilique). »

En fait, ce mot est dérivé de l'italien « concattedrale ». En Italie, ce mot désigne des édifices, souvent dédiés à la Vierge Marie, qui dans des temps anciens étaient occupés par un évêque. Celui-ci y avait sa chaise (sous les nom de « siège » ou « sede » ou « cathèdre »). Durant les premiers siècles de l'église, l'évêque était responsable d'une petite communauté de fidèles analogue à nos paroisses d'aujourd'hui. Cette paroisse pouvait être une ville. Ce pouvait être aussi une ethnie ou un peuple à l'intérieur de cette ville. Des communautés dissidentes ou hérétiques pouvaient avoir leurs propres évêques. Au cours des siècles, certaines divisions ont disparu et d'autres se sont maintenues. Particulièrement en Italie. Mais cela existe aussi en France. À la veille de la Révolution, il y avait cinq diocèses dans ce qui est devenu le département de l'Hérault : Agde, Béziers, Lodève, Maguelonne et Montpellier. Dans ces cinq villes, l'église principale est appelé « cathédrale » alors qu'il n'existe plus qu'un évêque dans le diocèse de l'Hérault, l'évêque de Montpellier.



Description de la concathédrale San Nicola de Palmi

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont extraites d'Internet. De plus, nous n'avons que très peu de documentation écrite sur les églises de cette province d'Italie. En conséquence, les conclusions que nous essayons de tirer de l'observation de ces images sont entachées d'incertitude. Cela étant, nous espérons que, grâce à l'accumulation d'indices, nous arriverons à mieux connaître l'ensemble des églises de cette région.

Il s'agit d'une église à nef triple. Le vaisseau central est voûté en croisée d'ogives. Les piliers porteurs du vaisseau central sont à section rectangulaire de type R0000. Les arcs reliant ces piliers sont en plein cintre. Les impostes qui supportent ces arcs sont à chanfrein dans toutes les directions. Le modèle de référence est l'église Sainte-Madeleine de Béziers estimée antérieure à l'an 800. Mais pour ces basiliques préromanes, les trois vaisseaux sont charpentés.


D'une façon générale, les arts du Bas Moyen-Âge (art roman, art gothique) sont peu présents en Italie. Par contre, les arts postérieurs à ce Moyen-Âge : art de la Renaissance, art Classique, art Baroque, sont abondants.

De nombreuses églises de l'Antiquité ou du Haut Moyen-Âge ont été réédifiées à partir de la Renaissance. Pour chacune d'entre elles la difficulté que nous rencontrons est le sens à donner au mot « réédifiées ». En effet pour certaines, la réédification a été une totale reconstruction : c'est le cas à Saint-Pierre de Rome. Pour d'autres, la reconstruction elle aussi totale a essayé d'imiter les plans des basiliques anciennes mais avec des matériaux et des décors modernes. Pour d'autres encore, il y a eu conservation de parties anciennes. Pour les dernières, celles qui nous intéressent le plus, l'essentiel de la partie ancienne a été conservé sous les enduits ou peintures d'un décor baroque.

À cela il faut ajouter que le Sud de l'Italie est particulièrement affecté par les tremblements de terre. La réaction naturelle de nombreuses personnes ayant subi un tel choc est de reconstruire les bâtiments emblématiques à l'identique de ceux qui ont été détruits (mais avec des techniques mieux adaptées à la situation). C'est en tout cas le comportement qu'on observe en France après l'incendie de Notre-Dame de Paris.

Nous n'avons pas suffisamment d'images de l'église San Nicola de Palmi, au décor baroque, mais qui est probablement située à l'emplacement d'une église ancienne. Son plan est celui d'une basilique antique. La question de la datation est posée au sujet du voûtement en croisée d'ogives. Nous avons dit que les églises préromanes n'étaient pas voûtées mais charpentées. Mais, inversement, les églises construites à l'époque baroque ne sont pas recouvertes en croisée d'ogives. On peut donc adopter le raisonnement suivant : si cette église au décor baroque est voûtée en croisée d'ogives, cela vient du fait que cette croisée d'ogives existait avant la pose du décor baroque, c'est-à-dire, en période gothique. Mais cette croisée d'ogives est posée sur des piliers de type R0000 avec des arcs en plein cintre. Si l'église était entièrement gothique, piliers et arcs seraient aussi de style gothique, et non comme ceux-ci, de style préroman. L'hypothèse est dons la suivante : une première église à nef triple est construite en période préromane. Les trois vaisseaux sont charpentés. Vers le XIVesiècle, cette église est voûtée en croisée d'ogives. Plus tard, à la suite des décisions du concile de Trente, l'église est ornée intérieurement et extérieurement d'un décor baroque. Les restaurations dûes aux tremblements de terre ou à la guerre de 1939-1945 (nous n'avons pas connaissance de destructions mais elles ont pu exister) ont pu encore modifier l'aspect de cette église.


Datation envisagée pour la concathédrale San Nicola de Palmi (avec les réserves exprimées ci-dessus) : an 750 avec un écart de 200 ans.