La cathédrale Santa Maria Maggiore de Barletta
Nous avons effectué une visite rapide de
cette église, seulement de l'extérieur, en avril 2015. Les
images de l'extérieur de l'église, visibles sur cette page,
ont été prises lors de cette visite. Les autres images sont
issues des galeries d'Internet.
Selon la page du site Internet Wikipédia relative à cette
église :
« La cathédrale Santa Maria
Maggiore (en français : Sainte-Marie-Majeure) est
la cathédrale de Barletta, dans le nord de la région des
Pouilles, en Italie. Elle possède également depuis 1961 le
titre de basilique mineure et est actuellement la
cocathédrale de l'archidiocèse de
Trani-Barletta-Bisceglie.
Historique : Sur
le site ont été retrouvés les restes de tombes datant du
IVe siècle av. J.-C, ainsi que d'un temple
païen dédié à Neptune. Au VIe siècle, fut
construite la première église paléochrétienne de Santa
Maria Maggiore. Au VIIIe siècle, elle prend la
dénomination de Santa Maria de Auxilio. La construction de
l'église actuelle fut entreprise entre 1147 et 1153, lors
de la période de domination des Normands sur la ville.
Elle reprend alors son nom de Santa Maria Maggiore.
Différents ajouts architecturaux seront réalisés au cours
des deux siècles suivants pour prendre sa forme définitive
vers 1320.
L'église est consacrée cathédrale par Pie IX dans la bulle
du 21 avril 1860 puis est devenue basilique mineure en
1961. »
Commentaires de
ce texte : sur quels documents se basent les
affirmations telles que « Au
VIe siècle, fut construite la première église
paléochrétienne » ou « La
construction de l'église actuelle fut entreprise entre
1147 et 1153 » ? Nous l'ignorons. On peut cependant
penser que la deuxième de ces affirmations est douteuse.
Autant nous trouvons erronée l'affirmation selon laquelle
une église a été commencée à une période donnée et terminée
deux siècles plus tard, autant nous trouvons que six ans,
c'est bien peu pour édifier un édifice d'une telle ampleur,
surtout lorsque la ville est occupée par une armée
étrangère.
Il existe cependant une information peu susceptible d'avoir
été faussement interprétée. Elle apparaît en effet très
anodine : l'église auparavant dédiée à Santa Maria Maggiore
aurait été nommée « Santa
Maria de Auxilio » pour redevenir Santa Maria
Maggiore. Notre idée est que l'église primitive Santa Maria
Maggiore était l'église cathédrale où siégeait l'évêque du
lieu. Elle aurait été un temps abandonnée comme siège
principal et laissée à un auxiliaire. Elle serait redevenue,
plus tard, siège principal.
La vue aérienne de l'image
1 et les plans des images
2 et 3 permettent d'identifier deux blocs
nettement différenciés : à l'Ouest, une nef à plan basilical
à trois vaisseaux charpentés et à l'Est, une seconde nef
voûtée en croisée d'ogives prolongée par un chevet à
déambulatoire et 5 chapelles rayonnantes. Il est évident que
la partie Ouest est nettement plus ancienne que la partie
Est (qui au vu de la complexité de son plan, a dû être
édifiée en plusieurs campagnes de travaux). On retrouve là
une pratique constatée à de nombreuses reprises : le
sanctuaire (côté Est) est la partie de l'église qui a subi
le plus de modifications, et donc la partie la plus récente.
Arrêtons-nous un instant sur le campanile (image
4) pour constater qu'il est largement ouvert à la
base. C'est le cas de nombreux campaniles.
Sur les murs extérieurs, les décors sont
tout à faits différents de ceux que l'on trouve en France ou
même au Nord de l'Italie ou en Espagne. Ne serait-ce que
dans leur emplacement. Ici il n'y a pas de tympan ni de
linteaux sur les portes ou les fenêtres. Et quand il y a
plusieurs voussures, une seule est décorée. Cette voussure
s'apparente plus à un sourcil qu'à une fenêtre (images
5, 10, 17). La façade Ouest (image
7) ne ressemble pas aux façades Ouest que l'on peut
voir en Aquitaine. Quant aux thèmes représentés, la plupart
sont pour nous énigmatiques. Considérons par exemple la
scène de l'image 9 :
on peut voir successivement et de gauche à droite un homme
saisissant le bâton d'un autre homme, un homme chevauchant
un bouc affronté à un être hybride, un homme sur un lion, un
aigle impérial. Nous n'avons pas eu l'occasion de rencontrer
auparavant les deux premières représentations ainsi que les
autres de la même voussure (image
8). La scène de l'homme affronté au lion a déjà été
vue, elle est intitulée : « Samson et le lion ». De même, il
existe des représentations d'aigles sur des chapiteaux.
Cependant, dans tout cela, il y a une symbolique qui nous
échappe. Même en ce qui concerne la scène de « Samson et le
lion », scène décrite dans la Bible où il est dit en une
phrase que Samson a déchiqueté un lion. Il nous manque la
signification de cette scène ainsi que le lien avec les
autres scènes et, en particulier, l'aigle impérial situé
tout à côté. Les auteurs ont tendance à dire que ces scènes
sont inspirées par des fabliaux mais ils ne racontent pas
ces fabliaux, et ce probablement, parce que tous les récits
ont été perdus. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que
nous sommes à l'entrée d'une église : s'il existe une
histoire, elle doit être en rapport avec la religion. Il est
cependant possible que des biblistes ayant une meilleure
connaissance que la nôtre puissent expliquer chacune de ces
scènes en fonction d'un épisode de la Bible.
Les scènes représentées sur le bas-relief de l'image
10 sont tout aussi énigmatiques et parmi les
personnages situés dans les entrelacs, on ne trouve qu'une
figure connue, celle d'un centaure tirant des flèches (en
haut de la voussure). Il en est de même pour l'image
18 dans laquelle la seule figure identifiable
semble être un ange.
Les appuis de fenêtres des images
14, 15 et 16 révèlent tout un monde de démons et
d'êtres hybrides. Ce bestiaire fait penser à des œuvres du
XIVe voire XVe siècle.
Notons l'existence de claustras (images
12 et 13).
Les principaux éléments qui
caractérisent la partie Ouest de cet édifice sont les
suivants :
1. Sa nef est formée de trois vaisseaux charpentés.
2. Le vaisseau central est porté par des piliers
cylindriques de type C0000.
3. Les arcs reliant les piliers sont à deux rouleaux.
4. Le vaisseau central est haut et une galerie (ou triforium)
court au-dessus des collatéraux.
5. Il n'existe pas de transept. Il est cependant possible
que la première travée de nef suivant immédiatement les 4
travées de la nef romane ait été construite pour servir de
transept. Elle aurait été par la suite intégrée dans les
travées de nef suivantes.
Ce plan d'édifice est typique de celui des églises des
Pouilles dont le modèle est San Nicola ou San Sabino : nef à
trois vaisseaux, le vaisseau central étant charpenté ;
vaisseau central porté par des colonnes monolithes
cylindriques, arcs doubles. Le seul élément qui différencie
cette église des autres grandes églises des Pouilles est le
suivant : dans ces églises, il y a un transept haut et
débordant terminé par trois absides insérées dans la
maçonnerie ou peu apparentes extérieurement. Ici ce n'est
pas le cas : le transept, s'il existe, n'est pas débordant
et surtout, le chevet n'est pas plat.
On peut cependant envisager la situation suivante : les
églises des Pouilles avaient toutes une nef analogue à celle
de San Nicola prolongée par un chevet de trois absides.
Ultérieurement, un transept et un chevet plat ont été
installés à San Nicola et San Sabino. Ce n'est que plus tard
encore que la seconde nef et le chevet à déambulatoire et
chapelles rayonnantes ont été installés à
Sainte-Marie-Majeure de Barletta.
Datation
envisagée pour la cathédrale Santa Maria Maggiore
de Barletta : an 950 avec un écart de 150 ans.
Bien sûr, cette datation ne concerne que la nef romane (vue
intérieure). Le décor des façades (en particulier la façade
Ouest) serait plus tardif : an 1200 avec un écart de 100
ans. Et de même pour les ajouts postérieurs (seconde nef et
chevet).