Le prieuré Santa-Maria-del-Vilar à Villelongue-dels-Monts 

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La page du site Internet Wikipedia consacrée à cette église nous apprend ceci : « Durant des fouilles en 1983, un temple romain du I er siècle av. J.-C. est découvert, démontrant l'ancienne occupation du site. La première mention du lieu remonte au 16 mai 1089, lorsque Na Adalaiza et son fils le clerc Arnau donnent un mas qu'ils possèdent à Saint-Jean-d'Albère au prieuré augustin de Sainte-Marie de Lladó, sous réserve que les revenus de ce mas aillent à l'église Sainte-Marie du Vilar. Une nouvelle église est construite au début du XIIe siècle et consacrée en 1142 par l'évêque d'Elne, Udalgaster de Castelnou, qui confirme la propriété de l'église au prieuré de Lladó tout en la plaçant dans son diocèse et donc sous son autorité. »

Il est possible que la construction énigmatique de l'image 8 soit un des restes de ce temple romain fouillé en 1983.

En ce qui concerne la suite du texte de Wikipedia (date du 16 mai 1089 pour la première mention du lieu et consécration de 1142), nous rappelons nos réticences maintes fois exprimées dans ce site. Il n'est certes pas question de contester ces dates mais leur importance. La date du 16 mai 1089 ne signifie absolument rien si le site a été occupé sans discontinuité depuis plus de mille ans. Quant à la consécration de 1142, elle ne correspond pas forcément à l'achèvement des travaux d'une nouvelle église : une consécration d'autel peut être effectuée à l'occasion d'un événement indépendant d'une construction (visite pastorale, changement d'affectataire, transfert de reliques, etc.).


Le bâtiment de l'image 8 ne serait pas le seul témoin d'une présence ancienne. Il y a aussi le sarcophage à cuve rectangulaire et couvercle en forme de toit de l'image 11
(datation estimée : an 450 avec un écart de 100 ans), la croix pattée de l'image 12 (datation estimée : an 600 avec un écart de 150 ans), les restes d'une chapelle
« wisigothique » à nef unique et chœur à plan outrepassé de l'image 10 (datation estimée : an 550 avec un écart de 150 ans).

Le portail de l'image 2 apparaît roman. C'est-à-dire, si on se réfère à la définition du Petit Larousse, appartenant à la période [1000 - 1200]. ll semble néanmoins que ce portail soit nettement plus ancien. Plus exactement, ce serait une sorte d'assemblage d'éléments plus anciens. On constate tout d'abord le caractère dépareillé de ce portail. Chacun des éléments des colonnes ( base, fût, chapiteau) est plus élevé à gauche qu'à droite. Il s'agit certes de compenser une déclivité de terrain, mais cette déclivité aurait été compensée dès la première construction. D'où l'idée que cette porte, ou à tout le moins une partie de cette porte, aurait été installée postérieurement.


Il existe d'autres indices de cet assemblage d'éléments de récupération pour obtenir ce portail. L'un d'entre eux tient au fait que les chapiteaux ou bases de ce portail semblent sculptés sur 4 faces (type 4F). Comprenons bien : lorsqu'un chapiteau est logé dans une encoignure comme c'est le cas ici, il comporte deux faces visibles et deux autres tournées vers les parois, donc invisibles. Il est donc normal que les deux faces visibles soient sculptées, les deux autres étant seulement apprêtées pour être insérées dans la maçonnerie du mur. Si donc un chapiteau inséré dans une encoignure est sculpté sur 4 faces, cela signifie que très probablement il provient d'une autre construction dans laquelle ses 4 faces étaient visibles. Il semblerait donc que ce soit le cas ici. Il faudrait certes faire une vérification, mais nous pensons que ces chapiteaux ou tailloirs proviennent d'une construction antérieure à celle de la porte.

Un autre indice vient des têtes sculptées qui ornent les bas-reliefs des images 3, 4 et 5. Ces têtes sculptées, plus particulièrement celles de l'image 4, s'apparentent à des motifs celtiques comme ceux d'Entremont ou du chaudron de Gundestrüp. Il est possible que l'on ait là des restes provenant du temple celte du I er siècle avant notre ère.

À l'intérieur, on peut voir une très belle fresque représentant l'Annonciation. Cette fresque est très probablement plus ancienne que la voûte en arc brisé qui la surmonte (image 9). Nous pensons même qu'elle pourrait être préromane. Et ce, à cause des deux paons situés au-dessous. Ces paons, représentant les phénix, sont absents dans l'art roman, mais présents dans l'Antiquité Tardive (an 600 avec un écart de 200 ans).